Les colonies de vacances menacées

Le statut des animateurs de colonies et centre de loisirs est remis en cause par une décision européenne. Jérôme Houmault, président du patronage Saint-Joseph, hausse le ton.

Antoine Decourt

Le7.info

Quel est votre avis sur la remise en cause du statut des animateurs ?
« C'est tout simplement stupéfiant. Avant toute chose, je tiens à rappeler que le BAFA n'est qu'un brevet. Ce n'est pas un diplôme professionnel. Il ne faut pas tout mélanger. Le jeune adulte était initialement voué à s'engager volontairement pour une période déterminée dans l'animation. On tente de nous faire croire qu'il peut, aujourd'hui, prétendre à une carrière professionnelle. Si tel est son cas, il doit alors passer des brevets de qualification. Il y a de plus en plus de personnes pour lesquelles il s'agit de leur première source de rémunération. Cette situation galvaude l'esprit de l'engagement volontaire du titulaire du BAFA. »

Pour vous, le problème n'est pas tant la rémunération que le statut de l'animateur.
« Effectivement ! Cette mesure européenne et la mise en place d'un groupe de travail sur le statut des animateurs sont à contre propos. Quand le "mono" travaille de 7h à 22h, nous ne pouvons pas considérer qu'il soit entièrement mobilisé comme un ouvrier peut l'être derrière son outil de travail. Il faudrait plutôt réfléchir à la modification du système de rémunération. Depuis plusieurs années, je défends l'idée d'un forfait journalier de cinquante euros. Cela correspondrait assez bien à la tâche de l'animateur. Ce dernier serait alors gagnant en terme de salaire, je vous le garantis. »

Quoi qu'il en soit, si la mesure européenne est appliquée, le coût des centres de loisirs et colonies risque de fortement augmenter ?
« A ne pas en douter. Ça va être intenable. Nous allons devoir tripler nos prix. Les collectivités vont être obligées de mettre la main à la poche. Puis il faudra revoir l'attribution de nos subventions. Un exemple: la Caf nous finance sur la base d'un taux horaire de 8h/jour par animateur. Il faut espérer qu'ils reverront leur financement en connaissance de cause. Conséquence: nous allons devoir embaucher 30% d'animateurs en plus. »

Photo: Julia A.

À lire aussi ...