Le blues des salariés

Après quarante-sept ans de présence dans le centre-ville de Poitiers, Le Printemps fermera ses portes, le 28 janvier prochain. Une page se tourne pour les cinquante salariés de l'enseigne et la trentaine d'employés des concessions de marque.

Antoine Decourt

Le7.info

Les adieux étaient pressentis de longue date. Dans un peu plus d’un mois, ils seront officialisés. Le 28 janvier, Le Printemps baissera le rideau sur près d’un demi-siècle d’un amour sans nuage avec les habitués du centre-ville. Dès ce 28 décembre, une opération « liquidation d’hiver » inondera les rayons de l’établissement. Comme l’ultime legs d’une histoire déclinante.

Pour les cinquante salariés de ce vaisseau amiral du commerce poitevin, et la trentaine d'employés supplémentaires travaillant pour le compte des marques résidentes, le mot « fin » risque d’être difficile à écrire. « Nous verserons sans doute une petite larme », prévient Sarah (*), salariée du magasin depuis dix ans. « C'est le cœur noué que nous tournerons la page », érit Christine, employée d'un « corner » depuis 2003.

« Reclassements espérés »

L’émotion suscitée par l’annonce, en juin dernier, de la fermeture a aujourd’hui laissé place à la rancœur. « Nous pensions que la direction serait plus à notre écoute, décrit Virginie, représentante du personnel. Les négociations se sont déroulées dans un climat tendu ». Une situation délicate et d'autant plus difficile que « nous avons souhaité rester solidaires », poursuit l'élue du personnel. « Employés du groupe ou d'une marque, nous œuvrons tous dans un souci d'équité, explique-t-elle. Nous tentons de trouver une solution de reclassement pour chacun d’entre nous. ».

Aujourd’hui, où en sommes-nous ? « Comme l'y contraint la loi, la direction a proposé, à tous les employés du Printemps, un plan de mobilité dans l'une des seize autres enseignes du groupe », explique Virginie.  Pour l'heure, seuls deux des quarante-six salariés l'ont accepté. « Une poignée de personnes réfléchit encore à cette solution, ajoute la déléguée syndicale. Ceux qui la refuseront  devront attendre qu'un licenciement économique soit prononcé. » Ils auront alors la possibilité de bénéficier d'un congé de reclassement et d'un accompagnement en vue d'une réorientation professionnelle.

La situation des « démonstrateurs » des corners diffère. « Tout dépend de leurs contrats, explique Virginie. Certains sont contraints d'obéir à une clause de mobilité. Les négociations se font au cas par cas. » Christine, elle, a déjà choisi. « J'accepterai le licenciement économique, explique-t-elle Je vais pouvoir profiter d'une aide à la reconversion. » Elle envisage toutefois la suite avec pessimisme: « Je sais qu'il sera difficile de retrouver un job.» A son âge (55 ans), la montée du chômage l'effraie énormément.


(*) Certains prénoms ont été modifiés.

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Et pourquoi pas Mac Do ?

L’officialisation, il y a quelques semaines, de la fermeture du Printemps a ravivé de vieilles rumeurs, sur la future utilisation des locaux en place.
Dans l’attente d’un éclairage officiel, promis par le fonds d’investissement Fondis pour le courant du mois de janvier, les supputations vont bon train. Quelques pistes semblent toutefois se confirmer. Les plus « sûres » concerneraient l’arrivée des enseignes de prêt-à-porter «H&M », qui dispose déjà d’un magasin sur le site de Géant à Beaulieu, et « Gap », omniprésent en région parisienne mais rare en province.
La troisième piste mènerait à Mac Donald’s, à qui l’on prête la volonté d’investir dans l’hypercentre, pour concurrencer Quick, lui même présent depuis de longues années place Leclerc. « Ces trois exemples, auxquels on peut porter un grand crédit, attestent que le centre-ville doit miser sur des marques d’envergure nationale, voire internationale, pour survivre et se développer », commente un agent immobilier local.

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