Ce qu’ils attendent de lui

Le 5 janvier, le Président de la République prononcera ses vœux au monde de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche, depuis la Technopole du Futuroscope. La droite s’en réjouit d’avance, la gauche s’indiffère.

Arnault Varanne

Le7.info

Presque cinq ans après sa dernière allocution au Palais des congrès du Futuroscope, Nicolas Sarkozy remet le couvert le 5 janvier 2012. Non pas dans la peau du candidat à la présidentielle -quoique-, mais dans le costume plus large de Président de la République. Dans le fief de Jean-Pierre Raffarin, le chef de l’Etat démarrera son tour de France des vœux par un discours au monde de l’éducation. Un usage républicain pas dénué d’intérêt, compte tenu des prochaines échéances électorales. « À l’UMP, nous nous réjouissons évidemment de cette visite, assure Olivier Chartier, président de la fédération de la Vienne. D’autant que l’éducation est un sujet important dans la capitale régionale. C’est un joli symbole. Une réforme comme l’autonomie des universités est très positive. »

À la gauche de l’échiquier politique, le son de cloche diffère. « Ce que j’attends de sa venue ? Pas grand-chose, répond Xavier Moinier, conseiller général socialiste du canton de Saint-Julien l’Ars. Je trouve d’ailleurs plutôt osé de venir dans une ville universitaire, qui souffre beaucoup des réformes de son gouvernement. » L’ancien président de la Fédération des conseils de parents d’élèves cite volontiers « la dégradation des conditions de travail», « la suppression de 60 000 postes d’enseignants » ou « la loi sur l’autonomie des universités », comme autant de griefs à l’endroit du Président de la République.

Manifestation prévue


Les syndicats chantent la même antienne. « Après cinq ans à s’être fait taper dessus, on n’attend rien de cette visite », relève Laurent Cardona, secrétaire départemental de l’Unsa-Education. Au point de refuser une demande d’audience avec Nicolas Sarkozy. « Nous préférons organiser un rassemblement à l’extérieur et dire pourquoi nous ne sommes pas d’accord sur la réforme du statut d’enseignant, le pouvoir d’achat, les rythmes scolaires… »

Lors de sa dernière visite à Châtellerault, le 31 mars 2009, le Président de la République avait été accueilli par sept mille manifestants (source syndicale). Il y a fort à parier qu’ils seront tout aussi nombreux le 5 janvier aux abords du Palais des congrès.





Les coulisses de la cérémonie


À la Préfecture comme à l’Elysée, c’est silence radio au sujet de la visite de Nicolas Sarkozy, le 5 janvier. « Nous ne communiquons que deux jours avant les déplacements du Président », se contente d’indiquer Alexandra de la Brosse, du service de presse de l’Elysée. Tout juste sait-on que le Président de la République et son aréopage de conseillers atterriront en début de matinée à Poitiers-Biard. Conduit sous bonne escorte jusqu’au pied du Futuroscope, Nicolas Sarkozy devrait visiter le Centre national de documentation pédagogique à partir de 10h30 (CNDP) avant de filer au Palais des congrès prononcer son discours officiel (11h20).


Combien ça coûte ?


Comme de coutume, Nicolas Sarkozy décentralise ses vœux aux forces vives de la nation. Son tour de France passera donc par Poitiers et une dizaine d’autres villes françaises. L’occasion de se pencher sur le coût de ces cérémonies. Sur le sujet, l’expert s’appelle René Dosière, député socialiste de l’Aisne. « Sur la base de huit cents policiers mobilisés, comme à Châtellerault en 2009, on arrive à des coûts avoisinant les 500 000€, indique le vice-président de l’Assemblée nationale. Cela sans tenir compte de son déplacement en Falcon, de l’acheminement de sa voiture blindée en Transall, de l’envoi des invitations, des frais de traiteur, de la location du Palais des congrès… » Dans son rapport sur l’exercice 2010, la Cour des comptes a, elle, relevé « une dépense de 284 614,65€ pour un voyage de quelques heures en Haute-Marne », la jugeant « un peu élevée ».

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