Vienne-Futuroscope, <br>malaise au Département

Au Conseil général, la commission permanente de la matinée a été marquée par un vif débat entre majorité et opposition. Objet de la discorde ? La fameuse agence d’attractivité Vienne-Futuroscope…

Arnault Varanne

Le7.info

Pour une fois, il n’aura pas réussi à établir un consensus. Après plus d’une heure d’échanges musclés, Claude Bertaud s’est rendu à l’évidence, le cœur gros et la mort dans l’âme. « Je vais retirer cette délibération concernant l’agence Vienne-Futuroscope, c’est clair. C’est un premier clash en quatre ans que je n’ai pas voulu… » Et le président du Conseil général de s’exécuter illico. Plus tard, il révèlera sa vérité. Mais pour l’heure, il « assume ses responsabilités » et concède quelques « maladresses ». « Peut-être y a-t-il eu confusion entre vitesse et précipitation sur ce dossier. »

«Après la première présentation en commission générale (Ndlr : le 9 février), on a assisté à un véritable passage en force, (…) une parodie de démocratie», estime Jean-Daniel Blusseau, chef de file des élus de gauche au Département. «Sur le fond, une agence qui permettrait de renforcer l’attractivité du territoire, ce serait sans doute très utile, reconnaît son collègue Gérard Barc. Mais inscrire à l’article 6 des statuts que le président désigne les membres du conseil d’administration, ce doit être unique en France dans une association loi 1901 ! C’est une présidence à la Poutine qu’on nous promet…»

« Un décideur international »


À cet instant du débat, les oreilles de Jean-Pierre Raffarin ont dû siffler. Car l’arrivée à la tête de Vienne-Futuroscope de l’ancien Premier ministre, fût-il doté d’un «très bon carnet d’adresses» (Claude Bertaud) et d’une stature de «décideur international» (Alain Fouché), suscite méfiance et interrogations. Au premier rang des sceptiques, Xavier Moinier. «Après l’avoir embauché comme chasseur de fonds auprès de banques pour financer le Center Parcs, le voilà aujourd’hui à la tête de l’Agence Vienne Futuroscope, à votre place et à notre place», déplore le conseiller général socialiste du canton de Saint-Julien-l’Ars. Qui, dans une orchestration un peu théâtrale, décida de quitter la salle.

Et maintenant ?

Même Francis Girault, pourtant rallié à la majorité depuis mars 2011, y est allé de son commentaire acerbe «à titre personnel». «J’ai connu une période où le Conseil général était extrêmement sensible à toute intervention extérieure. Il semble que les temps aient changé», regrette le maire de Jaunay-Clan. Comme d’autres, il demande «de la clarté dans cette affaire ». Une clarté que Dominique Réant, vice-président chargé du Tourisme et André Sénécheau, à l’Economie, ont tenté d’apporter. En vain. « Quand vous avez Jean-Pierre Raffarin à la tête d’une agence, ça ouvre des portes, avance le second. Et puis, les 450 000€ ne représentent pas une dépense supplémentaire. Le risque est très faible pour le Département.»

Quid de la suite, désormais ? Si elle souhaite obtenir l’appui du Département -et des crédits supplémentaires- l’Agence Vienne-Futurosccpe va devoir, une nouvelle fois, se réunir en assemblée générale extraordinaire. Et jouer la carte du consensus politique. À quelques mois des élections législatives, sa naissance est à ce prix. Attention, terrain glissant…
 

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