Ils ont gagné une bataille

A la faveur d’une adresse extérieure insolente, le PB86 s’est offert, face à Pau-Orthez, un vrai bonus dans la course au maintien. D’autant que Le Havre a chuté à domicile. La soirée idéale en somme…

Arnault Varanne

Le7.info

Les feuilles de statistiques laissent parfois filtrer des impressions trompeuses. Avec une domination aussi forte au rebond (44-32, 17 offensifs), Elonu, Marquis et consorts auraient pu prétendre à un autre lot de consolation qu’un seizième revers aux Arènes. Seulement voilà, si les gladiateurs palois avaient prévu de boucler à double tour la raquette, ils ont « oublié » de surveiller leurs extérieurs. Une erreur fatale au regard de l’insolente réussite du ressuscité Rasheed Wright, responsabilisé en l’absence d’Antonio Grant. Comme à ses plus belles heures, « The Sheed » s’est payé le culot d’écoeurer ses cerbères successifs fort de ses vingt-six points, dont six paniers primés à des moments clés…

«On a trouvé des solutions offensives que nous n’avions pas encore connues jusque-là»,  se borne à commenter Ruddy Nelhomme… dans un large sourire. Qui s’empresse d’ajouter que « tous les joueurs ont apporté quelque chose à un moment du match». A commencer par Evan Fournier, intenable d’entrée avec douze unités inscrites presque consécutivement (25-20, 10e). Heureusement d’ailleurs que l’arrière poitevin mit la gomme d’entrée de jeu. Car en face, Mendy (10pts) avait également trouvé la bonne carburation.

Dobbins omniprésent

Le deuxième acte se poursuivit sur le même tempo, Marquis se payant le luxe d’enfoncer Aka et Gipson de transformer deux paniers primés (32-28, 15e puis 35-35, 17e). Miller à trois fautes, Nelhomme lança dans le grand bain Kevin Harley, le temps qu’il se fasse les dents sur les arrières palois. Le temps, aussi, d’admirer la dextérité d’Anthony Dobbins, impeccable à l’interception sur Gipson, conclue par un dunk avant la pause (39-40, 20e).

Comme à l’accoutumée, le PB86 connut un léger passage à vide en début de troisième quart. En souffrance face à Gipson (26pts, 8 fautes provoquées) et Elonu, Wright and co courbèrent l’échine (50-56 puis 56-62, 30e), mais revinrent sur les talons des Palois juste avant le money time grâce à un panier longue distance de Miller (17pts). Enjeu du maintien oblige, les débats se durcirent ostensiblement, à l’image des quelques escarmouches entre Guillard et Elonu.

Le véritable tournant intervint à 3’45’’ du terme, avec un panier surréaliste de Dobbins dans le corner, au bout de la possession (71-66, 37e). Intenable aux deux bouts du terrain (13pts, 7 fautes provoquées, 8rbds, 4 int, 5pds), le même Dobbins se paya, un peu plus tard, le luxe de gober un rebond offensif sur son propre lancer franc manqué. Conjuguée à la faute offensive de Rimac quelques secondes plus tôt, cette action scella littéralement le sort des Béarnais. Avec une victoire d’avance sur Pau et le goal-average particulier en prime, le PB86 s’est dégagé la route du maintien. Il lui reste huit semaines pour franchir la ligne d’arrivée dans la peau du miraculé de service. Qui l’eût cru en janvier dernier…
 

La fiche
A Poitiers, PB86 bat Pau, 85-76. Mi-temps : 39-40. Score par quart temps : 25-20, 14-20, 20-22, 26-14. 4 100 spectateurs. Arbitrage de MM. Bissang, Karaquillo et Betton.
La marque
PB : Miller (17), Wright (26), Badiane (3), Fournier (13), Guillard (8), Dobbins (13), Younger (3), Gomez (2). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
PAU: Gipson (26), F. Lesca (1), Mendy (16), Marquis (14), Rimac (2), Elonu (6), Touré (2), Morency (9).  Entraîneur : Paco Laulhé.


Ils ont dit…
Pierre-Yves Guillard (intérieur du PB86) : «On s’attendait à une équipe qui joue dure, parfois à la limite. Ce genre de matchs n’est pas forcément beau à voir, mais il faut être présent dans l’intensité, le combat. On a répondu, même si ça a été dur au rebond. Ce soir, Rasheed fait 6/8 à trois points. Sans cette adresse extérieure, je crois que ça aurait été plus compliqué. Si on continue à gagner comme ça nos matchs à domicile, ce sera bon. Maintenant, malgré cette victoire contre Pau, rien n’est fait pour le maintien. »
Rasheed Wright (ailier du PB86) : «Le coach m’a laissé sur le terrain, mes coéquipiers m’ont fait confiance, ont fait les bons écrans et j’ai mis les shoots. On savait l’importance de ce match, nous avons travaillé dur cette semaine. On a mérité la victoire. Dans le dernier quart-temps, c’est l’envie qui fait la différence. La paternité ? (Ndlr : il est papa d’une petite Rozi) Ça donne un nouveau regard dans la vie. Je me souviens que lorsque ma première fille était née, j’avais marqué 29pts, dont sept tirs à trois points. Je ne sais pas si ça a joué dans la vie, mais c’est un cadeau, c’est sûr.»
Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : «Cela fait du bien de gagner et de faire une belle opération sur la journée, puisque nos adversaires directs ont perdu. Ce soir, on a fait un bon match, avec nos armes. Nous avons trouvé des solutions offensives intéressantes. J’ai l’impression que, depuis quelque temps, nous sommes un peu comme chez nous aux Arènes (sourire). Cela m’embête un peu que nous ne puissions pas jouer les matchs du Mans et de Paris ici. C’est toujours plus intéressant d’avoir 4 000 ou 4 5000 supporters derrière soi. On sait que le championnat va être long. Mais avoir un sixième homme comme ça, c’est intéressant. On a bien défendu, même si Gispon a pris de gros shoots et qu’ils nous ont dominés au rebond.»
Paco Laulhé (entraîneur de Pau) : «Ce soir, on a vu toute la différence entre nous et une équipe qui a cinq ans de vécu collectif et sait gérer ce genre de matchs-là. Ils ont eu énormément de situations difficiles à vivre ensemble et le coach sait sur qui compter. Au-delà, en l’absence de Grant, devinez qui sort du chapeau... C’était sûr que Wright allait tenter des choses. On cible des choses, on regarde des vidéos… Il y a une indiscipline récurrente chez certains joueurs qui commence à m’agacer sérieusement. J’étais là depuis le début, j’ai vu la même salade. Je peux vous dire que ça va tomber cette semaine. C’est inadmissible de gâcher autant de travail. Si vous n’êtes pas là en attaque, un soir comme ça « qu’est-ce que vous faites ? » Eh bien vous défendez ! Il faut arrêter les états d’âme. On a des joueurs qui manquent de bide ! Je ne comprends pas ce manque de sacrifice, de compréhension.»
 

 

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