Heuliez entre au musée de l’auto

Six véhicules de la collection Heuliez viennent d’être rachetés aux enchères par le musée de l’auto de Châtellerault. Dans le cadre exceptionnel de l’ancienne manufacture d’armes, ces prototypes dévoilent une partie de l’histoire du carrossier deux-sévrien.

Romain Mudrak

Le7.info

Le 7 juillet dernier, une quarantaine de véhicules provenant de la collection Heuliez étaient vendus aux enchères en marge de la célèbre Le Mans Classique. Une partie de l’histoire de cette entreprise créée en 1970 était alors éparpillée au gré des acquéreurs. Le musée de l’auto-moto-vélo de Châtellerault ne pouvait pas laisser passer une telle opportunité. Grâce à la mobilisation de plusieurs collectivités (Région, Conseil général de la Vienne, Pays Châtelleraudais) et de l’Etat, la direction du musée est parvenue à acquérir six modèles. Le ministre de la Culture a même débloqué une enveloppe de 31 300€ dans le cadre du fonds national pour le patrimoine, réservé aux « opérations majeures ».

Au total, cette acquisition aura coûté 62 600€. De l’argent jeté par les fenêtres ? Sûrement pas à en croire la conservatrice de l’établissement châtelleraudais labellisé « musée de France » Sophie Brégeaud-Romand : « Nous avons sélectionné scientifiquement ces six modèles pour leur intérêt technique. Heuliez et son bureau d’études France Design avaient conservé plus de cent-vingt prototypes de carrosseries innovants. Ceux que nous avons récupéré sont exceptionnels. »

Le premier toit escamotable
Souvenez-vous ! En 1990, une Welter Racing SP2 a battu le record du monde de vitesse (405km/h) dans la ligne droite des Hunaudières, sur le circuit du Mans… Cet engin a été réalisé en collaboration avec les ingénieurs et stylistes d’Heuliez. La maquette, qui a servi aux essais en soufflerie, se trouve désormais au musée de l’auto de Châtellerault. Comme le tout premier concept-car fabriqué par Heuliez : l’Atlantic Stras&Stripes, un coupé cabriolet deux places imaginé en 1987.

La carrosserie de la Rafficade a, quant à elle, été conçue en moins de deux mois pour démontrer le principe du toit escamotable. Si cette innovation « made in Deux-Sèvres » a aujourd’hui séduit de nombreux constructeurs, elle paraissait trop avant-gardiste en 2006. Peugeot refusa de produire la 407 Macarena. C’était la première fois qu’une berline cinq portes se dotait d’un toit rigide de ce genre.

Parmi les autres modèles présentés, découvrez la Scarabée d’or de 1992 ! Ce concept-car aux allures de Méhari bodybuildé a repris le nom de l’une des autochenilles, qui parcouraient la Croisière Noire Citroën en 1922. Enfin, la dernière surprise de la collection rappelle étrangement l’histoire récente d’Heuliez : la VLV électrique Peugeot de 1941 n’a évidemment pas été produite par le groupe, mais elle appartenait à Henri Heuliez, son fondateur, qui l’utilisait pour ses déplacements. Fabriquée à 377 exemplaires seulement, cette mini-voiture originale a connu un succès honorable auprès des médecins et des postiers de l’époque. De bon augure pour la Mia ?

 

L’antre du patrimoine industriel
C’est l’histoire d’une reconversion réussie. En 1968, la célèbre manufacture d’armes de Châtellerault ferme ses portes faute de débouchés. Le site s’apprête à devenir une friche industrielle quand un collectionneur de véhicules en tout genre propose d’y exposer ses trésors. Depuis 1991, la collection, devenue propriété de la ville, est constamment enrichie. Près de 200 autos, motos, vélos retracent l’évolution des transports, de 1818 à nos jours. A ne pas manquer : le seul modèle visible de Panhard&Levassor de 1890, la Voisin C14 de 1929 tout en aluminium, la Georges Irat MDU, la Kawazaki vainqueur du Bol d’or en 1975 ou encore la Souplette, un vélo en bois de 1896. N’oubliez pas votre smartphone ! Des QR codes donnent accès à des contenus multimédias inédits.

Cette année, l’exposition temporaire est consacrée à la famille Bollé. Ces inventeurs de père en fils ont élaboré un tas de machines qui ont facilité le quotidien des gens à l’époque. Au-delà du carillon de Châtellerault, ils ont aussi élaboré la première éolienne et la première automobile à vapeur, la Mancelle, présentée lors de l’exposition universelle de 1878. Et vous savez quoi ? Cet engin de quatre tonnes est visible en ce moment au musée.

 

 

Informations pratiques :
Musée Auto Moto Vélo, 3 rue Clément Krebs (site de la Manu), à Châtellerault. Tél. : 05 49 21 03 46. www.alienor.org
Attention, la WR SP2 et la Macarena ne sont pas visibles pour le moment. Plus d’infos sur leur présentation au 05 49 21 03 46.
Ouvert du 1er juillet au 16 septembre, de 10h à 12h et de 14h à 18h, sauf le mardi.
Tarifs : 2,50€/5€

photo 1 : VR SP2, record du monde de vitesse en 1990, à 405km/h.
photo 2 : Nimbus 1944 devant le prototype Heuliez Rafficade.
photo 3 : Le seul modèle visible de Panhard&Levassor de 1890
photo 4 : VLV électrique Peugeot, collection privée de Henri Heuliez.

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