Les réactions après l'occupation de la mosquée

Plus d'une soixantaine de militants d'extrême-droite du mouvement Génération identitaire ont occupé, samedi matin, le chantier de la mosquée de Poitiers, située sur la commune de Buxerolles. Quatre personnes ont été placées en garde à vue, tandis que les communautés religieuse et politique s'indignent.

Arnault Varanne

Le7.info

Alain Claeys, député-maire de Poitiers : "Je souhaite avant tout transmettre un message d'apaisement. Pour rappel des faits, un groupe d'extrême droite/bloc identitaire a occupé depuis la fin de la nuit la mosquée de Poitiers en fin de construction. Je n'ai pas besoin de rappeler les slogans sur les banderoles... Il s'agissait d'une opération qui était organisée. Il y avait environ 70 individus qui ne venaient pas du département. Ma première réaction, en tant que maire et président de Grand Poitiers, c'est la condamnation la plus ferme contre ces agissements. J'exprime mon entière solidarité à la communauté musulmane.  Et au delà de la communauté musulmane, une telle opération touche aux valeurs mêmes de notre République qui prône les libertés religieuses et individuelles. Il s'agit d'un événement peu ordinaire dans Poitiers. Les relations entre les communautés religieuses sont étroites et respectueuses. Les Poitevins sont habitués à l'échange, au respect des différences, de toutes les croyances philosophiques et religieuses. Face à ce type d'agissements, je demande la plus grande fermeté et la transmission d'un message de rassemblement et de bien vivre ensemble."

Yves Dassonvllle, préfet de la Vienne et de région :
"Je voudrais transmettre un message de paix et de tolérance.  73 individus sont arrivés vers 5h30 du matin. La police a engagé le contact avec eux, non pas pour négocier, mais pour leur demander de partir, dans les plus brefs délais, de gré ou de force. Ils voulaient rester toute la journée, c'était hors de question, j'avais reçu les plus fermes consignes du ministère là-dessus. Toutes les identités ont été relevées. Quatre personnes, les meneurs, sont en garde à vue. Ils seront poursuivis pour non déclaration de manifestation à la Préfecture, dégradation de biens et incitation à la haine raciale. Ces jeunes viennent de Lyon, Paris Nice... et ont manifestement utilisé les réseaux sociaux pour s'organiser."

El Hadj Amor Boubaker, président de la communauté musulmane de Poitiers et imam de Poitiers : Il s'agit d'un événement inqualifiable. Notre communauté est extrêmement blessée. Il s'agissait d'un événement national, mais qui n'a réuni que 70 personnes. Cela signifie que le discours de haine existe, mais que sa portée est limitée et c'est tant mieux. Nous avons réussi à construire avec les autres communautés religieuses un vivre ensemble et de la fraternité à Poitiers. Ils voulaient surfer sur une date historique. « Les musulmans ont été des envahisseurs français, l'immigration est un phénomène à condamner, l'immigration est un danger », disent-ils. Je vais voir, avec le préfet, comment accentuer la surveillance et la sécurité autour de la mosquée. La police fait des allers-retours fréquemment."

Le rappel des faits

Dans la nuit de vendredi à samedi, 73 jeunes se revendiquant du Groupe identitaire envahissent le chantier de la future mosquée de Poitiers. Le groupe affirme vouloir «se placer en première ligne du combat pour notre identité» et demande un référendum en France sur l'immigration extra-européenne. Après quelques heures, au cours desquels les extrémistes déploient des banderoles au relent raciste, le préfet de la Vienne Yves Dassonville dépêche sur place des forces de l'ordre pour déloger les manifestants. Finalement, en fin de matinée, le groupe accepte de quitter les lieux. Quatre des meneurs sont interpellés et placés en garde à vue. Dans la foulée, les réactions poltiques s'enchaînent. Le ministre de l'Intérieur dénonce «la provocation haineuse et inadmissible» et «les amalgames douteux» du groupe d'extrême-droite. Manuel Valls «garantit que l'Etat fera preuve de la plus grande fermeté face aux manifestations d'intolérance qui déchirent le pacte social», ajoute un communiqué du ministre de l'Intérieur.

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