Bizutage : le procureur devra trancher

Le président de l'université de Poitiers a demandé au procureur de la République d'enquêter sur des soupçons de bizutage au sein de la faculté des Sciences du sport.

Romain Mudrak

Le7.info

Installée en région parisienne, l'association contre le bizutage (ACB) a interpellé Yves Jean mardi dernier. En cause, une vidéo dégradantes repérées sur le site de partage Youtube. Parmi les images gênantes, on voit une femme en train de vomir ou encore un homme nu allongé au sol sur lequel d'autres personnes versent un mêlange jaunâtre. Ces images ont été tournées le jeudi 4 octobre, en plein après-midi, sur la pelouse du campus de sciences, près du bâtiment Omega.

Contacté par le 7, le président d'ACB, Alexandre Adujar estime qu'il s'agit d'un "cas grave de bizutage". Quand on lui demande pourquoi les victimes n'ont pas porté plainte depuis trois semaines, il répond : "Les bizuteurs jouent sur la pudeur des gens. La honte de sa honte. De plus, les étudiants ne veulent pas se mettre à dos leurs camarades et l'administration qui a autorisé l'organisation de cette journée."

Bizutage ou journée d'intégration un peu trop virile ? Les enquêteurs devront trancher. Un étudiant en master à la faculté des Sciences du sport de Poitiers mise sur le "quiproquo" : "Sorties de leur contexte, ces images peuvent être choquantes. Je comprends la décision du président de l'université. Mais je pense vraiment que la volonté des organisateurs n'était pas d'humilier les participants." Le jeune homme sait bien de quoi il parle. En première comme en deuxième année, il n'a jamais cherché à éviter cette journée traditionnelle d'intégration : "L'objectif est de s'amuser. Il existe un jeu qui consiste à réaliser la plus longue file de vêtements. Deux équipes s'affrontent. Celui ou celle qui accepte de retirer son slip a le droit de s'allonger au sol pour rallonger la file. C'est ce que l'on voit sur la vidéo." Les jets de farine, oeufs, eau ne sont pas surprenants : "On prévient les étudiants qu'il vaut mieux venir avec des affaires sales."

Toutefois, l'étudiant pointe les maladresses de ses cadets : "La semaine précédente, les organisateurs sont passés dans les amphis des "premières années" en parlant de bizutage et non d'intégration. Et pourquoi mettre en ligne cette vidéo ?"

Alexandre Adujar milite pour que "l'université de Poitiers se porte partie civile" pour que la mise en lumière de cette affaire serve à faire avancer la cause des victimes et qu'elle ne se transforme pas en "simple coup d'épée dans l'eau".

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