Jean-Pierre Raffarin : "Il faut se battre"

L’ancien Premier ministre a participé à la réunion avec Lin Cheng, qui s’est déroulée la semaine dernière au Conseil général. Il se montre optimiste, même s’il reconnaît que les élus locaux n’ont pas toutes les cartes en main.

Arnault Varanne

Le7.info

Jean-Pierre Raffarin, le développement de ZTE est-il compromis dans la Vienne ?
« Ecoutez, ça a toujours été un dossier difficile, parce que nous avons des problèmes de culture. Les Chinois voulaient quelques centaines de milliers d’euros de budget formation, ils n’ont obtenu que 60 000… En plus, entre les directions internationale et européenne de ZTE, ce n’est pas simple. La réunion de lundi dernier (Ndlr : entretien réalisé vendredi) s’est terminée sur le thème « Formulez-nous vos demandes par écrit ». De mon côté, j’ai averti l’ambassade de Chine et j’ai une réunion à Paris en milieu de semaine. On trouvera les solutions. »

 ZTE se plaint de ne pas pouvoir recruter suffisamment d’ingénieurs télécoms…
« lls nous ont dit cela, effectivement. Lorsque ZTE recrute des ingénieurs parlant anglais, ils ne veulent pas rester à Poitiers mais travailler à Boulogne, au siège Europe du groupe. Maintenant, on va leur mettre une logistique en place pour faciliter le recrutement. »

Quel rôle joue la conjoncture économique dans cette affaire ?
« Toute la téléphonie mondiale connaît un sérieux ralentissement. Alcatel-Lucent est en difficulté. Ce qu’on veut mesurer avec ZTE, c’est la part de la crise économique et celle qui concerne les problèmes à résoudre localement. Ce n’est pas un dossier désespéré. Maintenant, si la question est mondiale et que la France n’est plus dans leur perspective, c’est un autre sujet et ça ne se traitera pas avec nos petites subventions. »

Tout de même, les signaux d’un départ annoncé semblent bien réels. N’est-il pas trop tard ?
« Vous savez, les Chinois sont les champions du rapport de force, ce sont des commerçants. Ils veulent peut-être
aussi faire pression sur les autorités françaises. Ce ne sera pas si simple que cela de tourner le dos à ce projet, avec les sommes engagées. Il faudra que ces investissements soient justifiés en Chine. Je ne vois pas les choses en noir. Il faut se battre. »
 

Les étapes d’un chantier

Décembre 2007
ZTE, premier fabricant chinois de téléphonie mobile, annonce l’installation, au Futuroscope, de son deuxième centre européen de compétences, après Stockholm.

Printemps 2008
Le cabinet poitevin Créature Architectes sort vainqueur d’un grand concours national. Il coiffe au poteau deux confrères parisiens, pour la conception des locaux professionnels, immeubles d’habitation et logements individuels imaginés par le géant chinois. La première tranche de travaux concernera un ensemble de 10 500 m2, sur un projet global de 60 000 m2.

Juillet 2010
L’appel d’offres aux entreprises est lancé. On en sait désormais plus sur la première tranche. Elle comprendra un centre de recherche de 3 500 m2, un centre de formation de 2 000 m2, un restaurant de 250 m2 et un vaste ensemble de logements, avec deux maisons individuelles pour 340 m2, cinq maisons de ville pour 540 m2 et 3 370 m2 de logements collectifs.

27 juin 2011
Devant un parterre de journalistes, d’élus et de décideurs, Lin Cheng réalise une démonstration du réseau 4G, que les ingénieurs télécoms maison expérimentent depuis février. Le vice-président Europe de ZTE Europe déclare « avoir de grandes ambitions pour le centre de Poitiers », qu’il considère comme « une tête de pont de notre développement en Europe ».

28 septembre 2011
La première pierre du chantier est posée, en présence du PDG de ZTE Development, Hong BO, du sénateur Jean-Pierre Raffarin et du président du Conseil général de la Vienne, Claude Bertaud. L’investissement consenti pour cette première tranche est estimé à 20 M€.
 

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