Un quart et ça repart

Après quatre revers, le PB86 a remporté un succès important face à Strasbourg, avec un troisième quart-temps de feu. En plus de la manière, Guillard and co y ont mis du cœur et beaucoup d’envie. Et tant pis si l’arbitrage ne fut pas au niveau de ce choc des extrêmes.

Arnault Varanne

Le7.info

Le film du match
Strasbourg profite de sa tour de contrôle Alexis Ajinça pour dominer les débats à l’intérieur. L’international français ouvre le compteur des siens, avant de passer le relais à Fitch (3-7, 2e), qui retombe mal après un lay-up anodin. Le meneur US se plaint de la cheville, mais revient très vite en jeu. Il s’éclipsera définitivement du parquet au retour des vestiaires. De son côté, le PB tient tête aux Alsaciens, dans le sillage du duo Nivins-Smith très spectaculaire (10-9, 4e). A l’instar de deux boxeurs en début de combat, le co-leader et la lanterne rouge prolongent le round d’observation. Au relais d’Ajinça, Zianveni rentabilise son temps de jeu (4pts) et Gray se distingue à longue distance (15-14, 6e). Même mano a mano dans le deuxième quart, avec un Lamine Kanté saignant en attaque (9pts). Le PB durcit le ton en défense, obligeant la SIG à shooter en bout de possession, mais les Strasbourgeois trouvent des solutions par Jeff Greer et Campbell (34-36, 20e). Justin Gray (trois fautes) et Pape Badiane (deux) sont dans les cordes à la pause. Changement de physionomie après le repos. A la zone 2-3 proposée par Vincent Collet, son adjoint en équipe de France rétorque par un « small ball » défensif. Guillard se colle au paletot d’Ajinça (17pts) et gène l’international par son activisme forcené. Sevré de jeu intérieur et sans solution extérieure (4/16 à 3pts au total), la SIG plonge dans le doute, perd sept ballons et ne marque que… deux paniers en dix minutes. Résultat, Poitiers passe un 19-5 à son adversaire, avec un Guillard au four et au moulin (2 interceptions, un panier à 3pts, 2rbds, une passe). Nanti de treize points d’avance à l’amorce du dernier quart, le PB contrôle le tempo et s’offre jusqu’à dix-sept points d’avance (68-51, 35e). Malgré un dernier sursaut d’orgueil de Jeff Greer et consorts, la SIG tombe à Saint-Eloi, qui chavire de bonheur.

Le top

En dehors du match exceptionnel d’Alexis Ajinça (26pts, 7rbds, 7fpr, 28 d’évaluation), on a aimé la jolie complémentarité du duo Kanté-Guillard. Le premier a battu son record de points en Pro A (20pts, 21 d’évaluation), le second a gagné ses galons de cerbère le plus pénible de la soirée. Dans le troisième quart, Byf fut non seulement énorme d'intensité sur l’international français, mais aussi très efficace à l’autre bout du terrain, avec un panier primé essentiel (50-43, 25e). Au-delà, le PB86 a brillé par son collectif. Sept joueurs terminent avec une évaluation supérieure à 10 (101 au total).

Le flop
Vincent Collet (30e) et Ruddy Nelhomme (24e) auront passé une soirée agitée sur leur banc. L’entraîneur de l’équipe de France et son adjoint -le directeur des Bleus Patrick Beesley était dans les tribubes- ont récolté chacun une faute technique pour des contestations… justifiées. Dans ce match plutôt correct, le trio arbitral s’est distingué par des coups de sifflet très contestables et teintés d'une certaine incohérence. Là-dessus, au moins, tous les acteurs de la soirée seront d’accord.

Le chiffre clé

54. Comme le pourcentage aux tirs du PB86, avec un 11/16 à l’extérieur plutôt rare. De son côté, la SIG culmine à 38%, dont 4/15 en périphérie. Symbole de ce naufrage offensif, Louis Campbell termine à 1/6. Avant de sortir, Fitch avait, lui, beaucoup arrosé mais sans succès (2/11).

La fiche
A Saint-Eloi, Poitiers Basket 86 bat Strasbourg IG 80-70. Mi-temps : 37-38. Score par quart-temps : 22-21, 15-17, 19-5, 24-27. 2 450 spectateurs. Arbitrage de MM. Maestre, Milliot et Lubienski.
POITIERS
Gray (10), Badiane (8), Dallo (2), Kanté (20), Guillard (8), Nivins (14), Dobbins (14), Smith (12). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
STRASBOURG
Toupane (3), Fitch (4), J. Greer (6), Jeanneau (2), Zianveni (10), Ajinça (26), Campbell (8), R. Greer (11). Entraîneur : Vincent Collet.

Ils ont dit…
Pierre-Yves Guillard  (intérieur du PB86) : « On sait que pour être performant à ce niveau-là, il faut défendre. C’est ce qu’on a fait ce soir et cette victoire ne peut que nous donner confiance et nous rassurer. Il faut qu’on soit très respectueux des consignes, c’est la clé. Dès que tu fais une erreur, ça se paye cash. (…) Je suis content que nous ayons eu dix points d’écart jusqu’à la fin, on n’a pas vraiment paniqué malgré deux ou trois possessions difficiles. Franchement, ça fait du bien ! Alexis Ajinça ? On a changé le dispositif et j’ai défendu sur lui. Ça l’a perturbé et ça a handicapé Strasbourg sur le quart-temps. »

Lamine Kanté (ailier du PB86) :
« Je me suis bien senti en début de match. Je joue toujours au feeling et j’ai senti que je pouvais mettre des points. A part à la fin, où j’ai un peu paniqué avec deux pertes de balle, j’ai été serein tout le temps. Je crois que c’est mon record de points en Pro A, mais ce que je retiens surtout, c’est la victoire. On en avait besoin. Cela donne de la confiance avant d’aller à Limoges. Je suis content, Strasbourg n’a pas dépassé 70 points, on ne va pas courir à l’entraînement lundi ! »

Alexis Ajinça (pivot de Strasbourg) : « Dans le troisième quart, Poitiers a joué un peu plus agressif. Ils sont venus à plusieurs sur moi, m’ont attrapé, tapé… Cela n’a pas été sifflé, donc ils ont continué. On a fait aussi deux-trois erreurs, c’était donc un peu dur d’exister. La blessure de Fitch nous a handicapés. Mais, même sans lui, on aurait pu faire quelque chose de mieux. (…) On a deux jeunes sur le poste 3, on s’est fait un peu trouer par les pénétrations, notamment de Lamine Kanté. Il nous a fait mal. »

Vincent Collet (entraîneur de Strasbourg) :
« On n’a pas trouvé de solutions alternatives ce soir. Aucun de nos extérieurs n’a été capable d’apporter le danger. Face à ce règlement de comptes en règle dans le troisième quart contre Alexis, on aurait dû trouver des solutions. A Poitiers, Guillard en défense et Kanté, remarquable, ont fait la différence ce soir. Ils ont ciblé l’intérieur après la mi-temps. Le basket est un sport d’alternance et on n’en a pas trouvé ce soir. Gerald Fitch ? Il avait envie de jouer, mais il a masqué la gravité de sa blessure. Je le regrette un peu car nous jouons dans six jours… »

Ruddy Nelhomme (entraîneur de Poitiers) : « Il fallait qu’on reste ensemble, qu’on fasse preuve d’un état d’esprit un peu plus constant. Sur les matchs précédents, on s’était délités. Il va falloir s’appuyer sur ce match, où on a fait des choses dans la rigueur en attaque et en défense, dans l’agressivité saine. On a eu plus de présence au rebond, mais en attaque on a mis des paniers à des moments importants. Strasbourg a pratiqué un très bon basket en première mi-temps. J’ai bien aimé que l’équipe soit ensemble et c’était important de gagner une première fois dans notre salle, face à notre public. Ça fait du bien de stopper l’hémorragie. »

Photo Seb Jawo

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