Faut-il avoir peur de la pilule ?

En France, près de deux millions de femmes prennent aujourd’hui une pilule de 3e ou 4e génération. Ces contraceptifs sont suspectés d’accroître les risques d’infarctus et d’embolie pulmonaire. Mais existe-t-il un véritable danger ? Les avis divergent.

Florie Doublet

Le7.info

Son témoignage dans Le Monde est édifiant. À 21 ans, Sophie souffre de graves problèmes respiratoires. En décembre, elle consulte son médecin traitant à cause d’essoufflements lors de petits efforts, comme la montée de
quelques marches. Sa généraliste conclut à un simple rhume et lui prescrit « un pshitt pour le nez et du sirop ». Pas d’amélioration.
Sophie fait le lien entre la pilule de 3e génération(*) et ses soucis de santé. Après des examens plus poussés, le verdict tombe : embolie pulmonaire bilatérale. Après coup, l’étudiante nantaise estime avoir « frôlé la catastrophe » et pointe du doigt le manque d’informations sur les effets secondaires du contraceptif. « Si la généraliste m’avait décrit les symptômes de l’embolie, j’aurais tout de suite compris ce qui m’arrivait. »
Arrêt cardiaque, phlébite, thrombose… La liste des risques liés aux pilules de 3e et 4e générations est fournie. Une question s’impose : les praticiens mettent-ils suffisamment en garde leurs patientes sur les dangers potentiels de ces médicaments ? « On ne rédige pas une ordonnance sans effectuer les actes médicaux de rigueur : frottis, prise de sang, vérification de la tension, recherche d’antécédents…, rétorque le docteur Philippe Boutin, président de l’Union régionale des médecins libéraux du Poitou-Charentes. Le véritable problème, c’est que certaines femmes ne suivent pas nos recommandations. » Le médecin poitevin ne cesse de le répéter : contraceptif hormonal -quelle que soit la génération- et tabac font très mauvais ménage. Ce cocktail explosif multiplie par trois les risques d’infarctus du myocarde. « Que dois-je faire ?, s’interroge-t-il. Je ne vais pas refuser de signer une ordonnance à une femme qui jure ne pas fumer ! »

Des patientes inquiètes

Sans parler de psychose, Philippe Boutin reconnaît que le sujet inquiète. Dans son cabinet des Couronneries, le ballet des questions autour de ce type de contraceptifs s’est accéléré. « Dois-je suspendre mon traitement ? », « Suis-je un sujet à risques ? », « Serai-je encore remboursée ? » Comme de nombreuses Poitevines, Alexa s’interroge. Cette trentenaire a déjà fixé un rendez-vous avec sa gynécologue. Et confesse « avoir peur ». « J’ai lu la notice en long et en large, j’ai fait des recherches sur Internet… Hors de question qu’il m’arrive quelque chose ! »
Laura, 28 ans, est également anxieuse. Elle prend une pilule de 3e génération depuis plus de deux ans. « C’est la seule que je supporte », déplore-t-elle. Mais la polémique du moment l’angoisse. « Dans la presse, on lit tout et son contraire. Même mon médecin ne sait plus comment me conseiller…, soupire-t-elle. On parle de déremboursement mais, si elle est dangereuse, il faut tout simplement la retirer du marché ! » Son voeu sera peut-être bientôt exaucé. La semaine dernière, la Fédération des médecins de France a porté plainte contre l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), en vue d’obtenir le retrait des pilules de 3e génération. En attendant, la pilule est dure à avaler…

(*) Vous pouvez retrouver la liste des pilules de 3e et 4e génération sur www.contraceptions.org
 

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