Bonjour tristesse

Auteur du pire match à domicile de sa courte histoire, le PB86 sort de la coupe de France par la toute petite porte. Apathiques en défense et maladroits en attaque, Badiane et les siens ne se sont pas rassurés -c’est un euphémisme- avant de se rendre à Nanterre.

Arnault Varanne

Le7.info

Dans la situation comptable du PB86, la coupe de France revêt-elle un intérêt suprême ? Parenthèse enchantée pour les uns, cauchemar financier pour les autres, l’épreuve ne séduit guère les « petits » de l’élite. De là à mettre ce manque de motivation ou de réussite sur le compte du non-match des troupes de Ruddy Nelhomme, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Toujours est-il qu’après cinq revers consécutifs en championnat, le PB doute. Et ça se voit.

Balles perdues, adresse en berne (27% après un quart), manque de présence au rebond défensif…  En l’espace de quarante minutes, Justin Gray et ses coéquipiers ont réveillé de vieux démons qu’on souhaiterait voir enfouis à tout jamais. En face, Cholet Basket a joué le jeu après sa déroute face à Paris le week-end dernier. Et plutôt bien. Grâce à ses tours de contrôle (Gobert, Bryant, Goree), « CB » s’est d’abord gentiment détaché au score (9-17, 10e) avec, en conclusion de son tour de chauffe, un lay-up du revenant Carl Ona-Embo (9-17) consécutif à une offrande de… Guillard. L’une des cinq balles perdues poitevines en même pas dix minutes.

Sans envie, sans ressort

La suite des opérations fut du même tonneau, dans ce 16e de finale de coupe de France à sens unique. Même les jeunots Mouss Fall –à la peine face à Gobert- et Boris Dallo semblaient perdus sur le parquet, comme pétrifiés. Après quatre minutes d’abstinence offensive -entre la 9e et la 13e-, le PB se décidait bien à relever le gant. Une «rébellion » orchestrée par Pape Badiane, redevenu adroit à mi-distance. Sur une énième feinte dos au panier, le capitaine du navire à la dérive permettait aux siens de se remettre presque à flot (28-32, 19e). Un petit miracle. Mais l’embellie n’aura duré que… quelques secondes. Le temps que Goree ajuste la mire à longue distance et que Gobert (10pts, 5 fp, 2 contres, 9rbds, 24 d’évaluation) n’y aille d’un nouveau dunk aérien (30-37, 20e).

Signe d’une crise de confiance, Justin Gray commettait dans la foulée un marcher à sept secondes du terme de cette première mi-temps. Inexplicable. Aussi inexplicable d’ailleurs que cette apathie généralisée qui envahit Saint-Eloi au retour des vestiaires. Badiane et Dobbins commençaient chacun par un… air ball, tandis que Marcus Goree (17pts) et Travon Bryant (13pts) se gavaient de bons ballons à l’intérieur. En dépit d’un bon passage de Fall, le score enflait dans des proportions inquiétantes (39-53, 30e). Le quatrième quart ne fut, en réalité, qu’une longue punition pour les quelque deux mille âmes réunie dans les travées de Saint-Eloi. Sans envie, sans ressort, sans énergie et d’une maladresse insigne (33% au final), Nivins and co tendaient les deux joues à une équipe de Cholet qui n’en demandait pas tant. Souchu achevait de doucher son monde avec deux missiles venus d’ailleurs (50-73). Le PB86, dans tout ça ? On l’imagine assez mal l’emporter à Nanterre avec cet état d’esprit. A moins que le pire match à domicile de l’histoire du PB86 ne serve de catalyseur à une équipe en proie au doute extrême. Réponse dès samedi dans les Hauts-de-Seine…

Photo Seb Jawo

La fiche
A Poitiers, salle de Saint-Eloi, Cholet Basket bat Poitiers Basket 86 73-50. Mi-temps : 37-30. Evolution du score :17-9, 37-30, 53-39, 73-50. Arbitrage de MM. Mateus, Creton et Karaquillo.
POITIERS. Harley (4), Badiane (12), Dallo (4), Kanté (3), Guillard (2), Nivins (14), Dobbins (3), Smith (6), Fall (2). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
CHOLET. Jomby (2), Slaughter (1), Gobert (10), Ona Embo (12), Goree (17), Bryant (13), Souchu (11). Entraîneur : Jean-Manuel Sousa.

Ils ont dit…
Rudy Gobert (pivot de Cholet) : « Cette victoire fait du bien, rien à voir avec ce qui s’est passé samedi dernier. Là, on était tous bien en défense et ça fait plaisir. A titre personnel, ça faisait longtemps que je n’avais pas fait un match aussi complet, dans l’intensité en attaque et en défense. »

Jean-Manuel Sousa (entraîneur de Cholet) :
« A chaque fois qu’on gagne un match, on est heureux. Des fois, on est bien, des fois on n’est pas bien du tout en défense. On avait peut-être aussi un peu plus envie que Poitiers de gagner ce match. On y a mis du cœur. La coupe de France, il n’y en a qui est content, c’est celui qui la gagne. Pour nous, c’est un objectif clairement affiché. Il faut aller le plus loin possible. »

Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « On a été plutôt ridicules ce soir, sans énergie, sans intensité. On a fait un peu illusion sur la première et, par la suite, on s’est effondrés dans l’énergie qu’on peut mettre sur le terrain. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour nous avant une série de matchs où on a besoin d’être présents. On était revenus en intensité avec les deux matchs face au Mans et à Nancy. On est retombés dans nos travers et dans une certaine inconstance. Il y a différentes explications à cela, les défaites qui s’enchaînent, le fait que ce soit la coupe de France.... Mais ce qui s’est passé ce soir est important. On ne peut pas être une équipe aussi inconstante, dans la performance individuelle des joueurs aussi. »
 

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