Arrivés à bon port

Face à des Havrais décomplexés, le PB86 a galéré près de trente-huit minutes, avant d’arracher le morceau sur un dernier tir d’Ahmad Nivins. Ils réalisent le bon coup de la soirée, cédant la place de relégable au STB. Mais que ce fut laborieux…

Arnault Varanne

Le7.info

Les mots manquent parfois pour dépeindre l’urgence d’une situation. Ruddy Nelhomme avait qualifié ce PB86-Le Havre d’importantissime. D’autres préféraient utiliser le terme de « tournant de la saison ». Une dimension dramatique à laquelle les observateurs souscrivaient volontiers, eu égard à la trajectoire vertigineuse du PB86 depuis la mi-décembre. La question consiste désormais à savoir si la victoire aux forceps de Poitiers, la sixième de la saison, suscite davantage de motifs de satisfaction que d’inquiétude.

Soyons clairs, ni la prestation indigne de Justin Gray -cinq minutes montre en main-, ni les signes d’énervement incessants que tout Saint-Eloi a devinés, ni même encore les balbutiements offensifs de Badiane and co ne sont de nature à donner un crédit longue durée à l’antépénultième de Pro A. Il aura fallu patienter jusqu’à la trente-huitième minute de ce match de la peur pour respirer un peu (60-58). Et même attendre ce fadeaway incroyable d’Ahmad Nivins, à quatre secondes du terme, complété d'un dernier lancer de Smith, pour souffler définitivement (70-68). Juste avant, Bernard King (16pts) s’était permis de doucher l’enthousiasme des fans poitevins, grâce un « 2+1 » plein de sang-froid.

Guillard en catalyseur


Que retenir d’autre de positif ? Sans doute cet excellent passage de Pierre-Yves Guillard dans le money-time, auteur d’un triplé avec faute de Moldeanovu en prime (de 54-58 à 58-58, 37e), d’un panier post-up sur le Roumain et d’une interception au nez et à la barbe de Thompson. C’est clairement lui qui aura sonné la révolte des damnés. Et aussi Tony Dobbins (10pts, 8rbds, 7 fautes provoquées), une nouvelle fois irréprochable dans le rôle de booster défensif. Avec Antonio Grant (11pts) et Lamine Kanté (14pts), ces deux-là auront permis au PB de ne pas flancher à un moment où la barque tanguait sérieusement (17-28, 15e).

Dans cette première mi-temps fantomatique, au cours de laquelle Brown à l’intérieur et King à mi-distance s’en donnèrent à cœur joie, le PB aurait pu craquer à plusieurs reprises. Notamment avec une adresse en berne (38% à la pause). Mais il eut le mérite de proposer une défense moins permissive et davantage d’agressivité à l’autre bout du parquet. Oh, bien entendu, l’issue fut longue, très longue à se dessiner, principalement à cause de ces Havrais décomplexés et d’un baromètre confiance proche de zéro. On espère désormais que ce scénario au dénouement heureux servira de déclic aux ouailles de Nelhomme. En ces temps difficiles, il faut savoir se contenter de l’essentiel. Un succès doublé du goal-average sur Saint-Thomas, avouons que la soirée aurait pu se révéler plus difficile…

Photo Seb Jawo

La fiche
A Poitiers, salle Saint-Eloi, Poitiers Basket 86 bat STB Le Havre 70-68. Mi-temps : 30-34. Score par quart temps : 15-16, 15-18, 14-17, 26-17. Arbitres : MM. Collin, Antiphon et Rosso. 2596 spectateurs.
POITIERS. Smith (8), Badiane (1), Dobbins (10), Nivins (16), Grant (11), Kanté (14), Guillard (10). Entraîneur : Ruddy Nelhomme. 
LE HAVRE. Thompson (5), King (19), Moldoveanu (18), Kouguère (4), Paschal (9), Brown (8), Smith (5). Entraîneur : Eric Bartecheky.

 

Nelhomme : « Que Justin apporte plus ou on se sépare »

Pierre-Yves Guillard (intérieur du PB86) : « Cette victoire est un peu inespérée vu les circonstances. On a été portés par notre public. On n’a jamais lâché, en essayant de trouver des solutions. Elle va faire du bien car, moralement, il la fallait. On a fait des erreurs, mais on a été bien défensivement. C’est offensivement qu’on pêche un peu. On finit par gagner avec un peu de chance, mais il en faut… Moi, j’ai essayé de prendre mes responsabilités car j’avais les ballons. Tant mieux si ça m’a souri. Mais l’équipe doute, ça se voit sur le début de match. »
Lamine Kanté (ailier du PB86) : « Quand on laisse une équipe à moins de soixante-dix points, on a plus de chance de gagner. A la fin, on a géré… pas comme d’habitude. Ahmad sort un très beau fadeaway à la fin. Il va falloir qu’on travaille l’attaque cette semaine, car on doute sur les drives. (…) Perso, j’ai été efficace aux tirs même si j’ai perdu quelques balles avec mes dribbles. »
Eric Bartecheky (entraîneur du Havre) : « On s’est mis à perdre quelques ballons dans les moments importants, Guillard a mis un trois points dans l’axe, avant de réussir un tir post-up. On a été un peu softs en défense. Je n’ai pas pour habitude de critiquer l’arbitre mais, à un moment donné, Bernard King et d’autres se sont fait taper sur les bras sans qu’une faute sifflée. C’est ma première technique de la saison. Ça tarde à siffler… Malgré cela, on est à +1 à neuf secondes de la fin et on prend un tir en reculant de Nivins. C’est frustrant. Maintenant, il reste encore treize matchs et il peut se passer encore plein de choses. »
Ahmad Nivins (pivot du PB86) : « La consigne était que je reçoive la balle sur la dernière possession. Après, je voulais aller au milieu de la raquette, mais il y avait beaucoup de monde. Alors, je me suis écarté du panier et j’ai pris ce panier en reculant qui est rentré. C’est le premier tir gagnant de ma carrière ! Le fait de ne rien lâcher, c’est ce qui peut faire la différence à l’avenir. Je trouve que l’équipe a montré beaucoup de caractère. On s’est beaucoup entraidés et c’est ce qui nous a permis de gagner. On a encore du travail à faire. »
Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « Six défaites en championnat, ça commençait à faire beaucoup. Ce n’est pas le meilleur match qu’on ait joué, mais il fallait le gagner. On a trouvé des solutions pour rester dedans, défendre, mettre des paniers, ne pas se décourager. On manque clairement de confiance. Maintenant, on a juste stoppé l’hémorragie. Je pense qu’en étant un peu plus enthousiastes, en se lâchant un peu plus, on peut faire mieux. Les deux-trois paniers qu’on prend, on ne le met pas. Alors, on se pose des questions, on doute… En deuxième mi-temps, on a joué plus haut défensivement et avec plus d’agressivité. Justin ? Il est évident qu’il n’est pas au niveau auquel je l’attendais. Il n’y pas beaucoup de solutions aujourd’hui, à part qu’il apporte beaucoup plus ou qu’on se sépare de lui. On y réfléchit. »

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