Fred Forté : « Poitiers ne nous réussit pas »

La saison galère du CSP, les changements de joueurs, la méthode Giannakis, le derby de vendredi face au PB86… Entretien fleuve avec Frédéric Forté, président du Limoges CSP, un promu pas comme les autres.

Arnault Varanne

Le7.info

Fred Forté, on imagine que vous respirez un peu mieux depuis la victoire du week-end dernier sur Nancy (82-75)…
« Nous sommes plusieurs équipes à être dans ce mini-championnat pour la descente. Rien n’est fait, même s’il était plus qu’important de gagner face à Nancy pour ne pas revoir arriver tout de suite les démons d’il y a deux ans. Cela étant, on les a juste un peu repoussés, pas éliminés définitivement. C’est une saison longue, stressante. Et ce n’est pas notre pain quotidien par rapport à l’histoire du club, au fait qu’on s’appelle le Limoges CSP… Personne ne veut nous voir comme un promu. »

« Giannakis a refusé le Real Madrid »

Peut-on seulement jouer le maintien avec un entraîneur de la trempe de Giannakis ? 
« Quand on signe Giannakis, on ne se trompe pas d’objectif. Il n’est pas venu pour être champion de France. Vous savez, il a refusé le Real Madrid l’été dernier. S’il avait voulu être champion, il y serait allé… Giannakis a envie de construire, d’apporter sa patte à ce club. Et ça prend forcément du temps. Nous n’avons pas forcément des joueurs du calibre Euroleague, mais un groupe extrêmement compact. Beaucoup de joueurs sont interchangeables. A contrario, on manque peut-être un peu de leadership sur certains postes, d’où des fins de matchs mal négociées. Ce n’est pas parce qu’on est Limoges et qu’on a Giannakis sur le banc de touche qu’on gagne à tous les coups. Maintenant, l’entraîneur est en haut de la pyramide, les choses sont en place. »

Le groupe s’est-il enfin adapté à la méthode Giannakis ? Quelles sont les satisfactions en termes de performances individuelles ?
« Quand on change les habitudes et la hiérarchie, ça prend du temps à assimiler. Les gars s’entraînent trois heures le matin, trois heures l’après-midi. Dans le basket français, on a toujours appris aux joueurs à courir vite et sauter haut. Là, on leur dit, il faut contrôler sa vitesse pour pouvoir s’arrêter. Il faut que le corps et la tête assimilent tout cela. Nous savions que ça prendrait du temps. C’est pour cela que le maintien est notre seul objectif. En termes de satisfactions individuelles, Nobel Boungo Colo montre, sur certains passages, qu’il peut être un joueur majeur. Mais, encore une fois, l’objectif n’est pas de dépendre d’untel ou d’untel. »

« Poitiers sait gagner les matchs importants »

Comment expliquez-vous ces six matchs perdus à Beaublanc (*), forteresse quasi-imprenable par le passé ?
« Je pense que Beaublanc met une pression énorme, et pas que sur l’équipe adverse, mais aussi sur les joueurs, l’environnement, le staff… Il y a une telle attente ! J’ai presque envie de dire qu’il y avait moins d’ambiance il y a vingt ans qu’aujourd’hui. Et surtout avec des joueurs, à l’époque, habitués à jouer en équipe de France ou à disputer l’Euroleague. Il faut pouvoir vivre avec cette pression. Ce n’est pas simple. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Beaublanc nous garantit une ambiance, mais pas plus de victoires. »

Sur quoi va se jouer ce derby de la peur face au PB86 ?
« Ce match à Poitiers va être capital. En gagnant aux Arènes, on s’écarterait quasi définitivement de la zone rouge. On sait aussi que, pour Poitiers, c’est l’une des dernières chances pour se sauver. Mais sincèrement, ce n’est pas une équipe qui nous réussit !  On a perdu quasiment tous les matchs importants face à Poitiers. Donc, on viendra avec beaucoup d’humilité. Vous savez, le match aller, on le gagne en menant deux secondes. »

Au-delà de la rivalité sportive entre les deux clubs, comment percevez-vous l’histoire du PB en Pro A, qui dure désormais depuis quatre ans ?
« Le PB86 a aujourd’hui gagné le droit d’exister dans le paysage du basket de très haut niveau, avec un système différent de ce qui se fait à Limoges ou dans d’autres clubs. Poitiers a complètement validé sa méthode. Chaque année, les observateurs estiment que cette équipe, comme le Havre d’ailleurs, va descendre et elle ne descend jamais. Il y a une culture de la gagne dans les matchs importants. »

(*) Sept avec celle concédée face à Chalon mardi (71-74), en match en retard de la 18e journée de Pro A.

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