Un signe de la main

Le 3 décembre 2013, Dominique Morisset bénéficiait d’une réimplantation totale de la main gauche, sectionnée par une scie circulaire. Pour le quinquagénaire de Savigné, la vie a repris son cours… différemment.

Nicolas Boursier

Le7.info

 A l’instant des premières confessions, en janvier dernier, Dominique Morisset fanfaronnait. « Vous pouvez l’écrire, j’espère bien refaire du bois l’hiver prochain. » La promesse a fait long feu. « Je me suis vite rendu compte que j’en serais incapable, peste l’intéressé. Et puis, même si je le voulais, j’aurais trop peur de glisser et de devoir me rattraper sur la main opérée. Non, fini le bois. Maintenant, je ne me chauffe qu’à l’électrique. »

Dans sa maison de « Chez Chauveau », à Savigné, l’employé de l’usine PBL de Saint-Pierre d’Exideuil ne se plonge que rarement dans le tourbillon des souvenirs. Tout juste aime-t-il à reconnaître que si le 3 décembre 2013 a changé le cours de son existence, il aurait aussi pu l’abréger. « Je suis passé tout près de la mort, rappelle-t-il. Si je n’avais pas eu mes voisins, ç’en était fini. » C’est effectivement à ces voisins réactifs que Dominique doit d’être là. Eux qui ont réalisé le garrot sur son avant-bras gauche, tout juste séparé de sa main par une scie circulaire mangeuse d’homme. Eux qui ont appelé les secours. Eux qui ont récupéré et plongé dans une poche de glace le membre tombé à terre. « Le reste, c’était l’affaire de la médecine », sourit Dominique.

Une
broche cassée

La médecine, (re)parlons-en ! Pendant douze heures, la transplantation a été minutieusement menée par le Dr Camille Poujardieu, chirurgienne en orthopédie-traumatologie au CHU de Poitiers. Douze heures au cours desquelles la jeune praticienne a reconnecté, un à un, tendons, nerfs et veines. Les os, eux, ont été consolidés par l’implant de quatre broches. « Trois sont depuis ressorties d’elles-mêmes, prévient Dominique. La quatrième pointe à fleur de peau, mais ne semble pas décidée à prendre l’air. A la dernière échographie, on a vu qu’elle était cassée en deux. Ceci explique peut-être cela. »

Il y a un mois, Dominique Morisset a vu, pour la dernière fois, le Dr Poujardieu, depuis partie exercer à Bordeaux. Lui en a conscience : ce que la chirurgienne avait prédit risque de se concrétiser. « Elle m’a dit que ma rééducation serait très longue et que je ne retrouverais pas entièrement l’usage de ma main. Cela se vérifie, hélas. »
Un an après l’opération, Dominique énonce quelques progrès : les doigts bougent, sauf le majeur, écrasé lors d’un précédent accident, et le pouce, qui doit faire l’objet d’une nouvelle intervention, en janvier. En termes de préhension, là encore, la situation s’est lentement améliorée. « Mais je ne peux pas serrer ou même tenir quelque chose de lourd, poursuit M. Morisset. Même pour ouvrir les placards, c’est difficile. » Quant à la conduite, il se contente de courtes distances.

Pour le reste, peu d’efforts. « Je ne m’ennuie pas, mais disons que mes activités sont plus réduites qu’avant. Et puis, surtout, qu’est-ce que ma main craint le froid ! » Celui qui n’a « jamais éprouvé la moindre douleur » continue donc de positiver, dans l’espoir de nouvelles améliorations. Reste un écueil ! Son boulot. « Mon arrêt court jusqu’au 18 janvier, Après, je ne sais pas ce qu’il adviendra de moi. » Employé depuis 1985, à PBL, où il façonnait, jusque-là, des pièces de motoculture et de matériel agricole, Dominique sait que ce poste-là est désormais inadapté à son handicap. Un autre se libèrera-t-il ? « Je croise les doigts », ironise-t-il.

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