4 février 1995, Poitiers-Monaco

Il y a tout juste vingt ans, le Stade poitevin réalisait le plus grand exploit de son histoire, en sortant de la Coupe de France le Monaco de Thuram et Anderson (2-1). Franck Demay, Fred Montavit et Jérôme Billac, auteur du deuxième but, se souviennent.

Nicolas Boursier

Le7.info

« Je quitte mon côté droit pour piquer vers l’autre poteau et Eric Crosnier me met un caviar. » 4 février 1995. Stade de la Pépinière. Poitiers-Monaco. 16e de finale de la Coupe de France.
A la réception du « caviar » du milieu de terrain Crosnier, Jérôme Billac propulse le cuir, d’une tête plongeante magistrale, dans les buts de Piveteau. Nous jouons la 85e minute d’un match sans pareil. Le Stade de Denis Devaux est au paradis. A l’unisson de la tribune d’honneur, les spectateurs de l’enceinte Est, tout juste édifiée, sont aux anges. 8500 âmes en fusion, ça vous marque un homme… « A vrai dire, il n’y a qu’à l’instant du tour d’honneur que j’ai vraiment communié avec le public. Pendant l’échauffement et durant tout le match, j’étais dans ma bulle. »
Quand on lui évoque ce pic d’émotion, Jérôme Billac peine à croire qu’il remonte à vingt piges. Sans doute parce que le conseiller patrimonial, habitant des Roches Prémarie, n’a jamais pris vraiment de recul avec le ballon rond. « C’est viscéral, reconnaît-il. J’ai même encore une licence de joueur à Montmorillon. Mais je me contente d’aider le coach. »

Fabuleuse saison

De l’exploit de 1995, «Gégé », 42 ans, a conservé de nombreuses coupures de presse, des photos et le maillot de l’ex-international Eric Di Méco. « Quelle équipe, quand même, que ce Monaco-là. Quand j’énumère les noms de la base arrière, Dumas, Valéry, Di Méco, Thuram, je ne vois que des joueurs que je respectais. Oui, cette victoire était un réel exploit. Surtout lorsqu’on se souvient qu’un an plus tôt, l’ASM nous avait mis un 5-0 sur le terrain des Chamois niortais. » Cette fierté-là est impérissable. Franck Demay ne risque pas de la renier. A 47 ans, l’employé de l’imprimerie APE continue, lui aussi, de fouler les pelouses, sous le maillot de Neuville.
Le Poitiers-Monaco de 1995 ? « Mon plus beau souvenir, bien évidemment. » Un Everest pour ce pur produit poitevin, qui aura porté, au total, treize années la casaque stadiste. « En fait, révèlet-il, c’est toute cette saison 1994- 1995 qui avait été fabuleuse. Avant ce match contre Monaco, on avait eu le bonheur de passer un tour à Tahiti et, au bout du bout, on avait accédé à la D2. »

Un public renversant

Vingt ans après, « Francky » savoure encore. « Ah, la magie de la coupe. Ce jour-là, ça vous prenait aux tripes. Ce public était renversant. Je me souviens aussi du grand Madar, qui n’arrêtait pas de brailler. » Tiens, Madar ! L’adversaire direct de l’autre latéral, Fred Montavit. Lui aussi est resté dans la région. Lui aussi a la passion du foot chevillée au corps. « J’ai joué en DH avec Nouaillé, jusqu’à l’an dernier, rappelle l’employé de la Mairie de Poitiers. « Madar ? Du haut de son mètre 90, il en imposait. Mais j’avais pour mission de ne pas le respecter. A l’image de toute l’équipe ce soirlà, je lui suis rentré dedans. »
Montavit, 45 ans, a joué trois saisons au Stade. Et comme Demay, il n’a pas participé à l’aventure en D2. « Mais j’ai eu l’occasion de disputer un quart de coupe de France sous les couleurs de Troyes. Ce qui relativise un peu la performance accomplie contre Monaco. Disons que cela fait partie de mes plus belles heures. » Pour un club et toute une ville en manque d’émotions footballistiques, le 4 février 1995 reste LE sommet historique. Indélébile.

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