Cinquante nuances de romantisme ?

Le film « Cinquante nuances de Grey » sortira au cinéma, le 11 février. Il est très attendu par une large communauté de fans de la trilogie littéraire. Comment comprendre le succès de ces romans érotiques ? Le « 7 » apporte quelques éléments de réponse.

Florie Doublet

Le7.info

Qui ne connaît pas « Cinquante nuances de Grey » ? Cette trilogie « érotique », signée E. L. James, est un véritable phénomène littéraire. Il s’en est vendu plus de cent millions d’exemplaires à travers le monde. Les livres ont été traduits dans cinquante et une langues. Le premier tome a même été adapté au grand écran. Le film sortira dans les salles obscures le mercredi 11 février.

A Poitiers, les cinémas font déjà le plein. Une « soirée filles » est carrément prévue dans les CGR de Fontaine et Buxerolles, le jeudi 12, avec, au programme, atelier maquillage, cocktails et… strip-teaseurs ! « Les préventes ont explosé ! Nous sommes à la recherche de nouveaux partenaires, tant la soirée est attendue », explique Benoît Duport, directeur de l’établissement de Fontaine le Comte. A Buxerolles, on attend pas moins de 560 personnes.

Margaux, 22 ans, fait partie de ces fans de la première heure. Elle a lu d’une traite les romans décrivant la relation amoureuse et sexuelle entre une très jeune femme et son amant. « Certaines scènes sont très crues, assure-t-elle. Il y a énormément de passages sado-masochistes. J’ai découvert l’existence de certaines termes, comme le « bondage ». Je ne savais pas du tout ce que ça voulait dire ! » La Poitevine avoue être une « grande romantique ». Elle a surtout été touchée par l’histoire d’amour entre les deux personnages… Un constat qui navre Philippe Arlin. « Malheureusement, ce n’est pas le côté sexuel de ce livre qui intéresse les femmes… Elles ne se donnent pas encore le droit d’aimer le sexe pour le sexe. Il faut toujours qu’il y ait un environnement « sentimental » », regrette le sexologue poitevin.

Un roman « coquin »

Le professionnel souligne une vision « obsolète » de la sexualité féminine. L’héroïne du roman accepte de se plier aux désirs de son amant car elle en est amoureuse. « C’est toujours le même schéma : un homme joue le rôle d’initiateur et guide une jeune fille vers la découverte du plaisir. C’est révoltant de lire des choses comme ça au XXIe siècle », s’agace Philippe Arlin qui pointe également du doigt la médiatisation du phénomène. « Tout à coup, on remarque que les femmes s’intéressent à des livres qui parlent de cul. Comme si c’était quelque chose d’extraordinaire ! » « Et encore, ça reste très « soft », poursuit l’expert. Il s’agit d’un roman plus « coquin » que véritablement érotique. »

C’est peut-être là que réside le succès de « Cinquante nuances Grey ». On peut l’acheter sans honte. « Un véritable porno, on le lit ou le regarde discrètement et on n’en parle pas aussi facilement… » Sauf quand on s’appelle Clothide et que la sexualité ne constitue pas un tabou. « J’ai lu le premier tome et le deuxième m’est tombé des mains tellement c’était mal écrit, assure cette mère de famille de 35 ans. Personnellement, j’ai l’impression qu’on prend les lectrices pour des ingénues. » Aux Etats-Unis, le film a été « interdit aux moins de 17 ans ». A l’heure où nous écrivions ces lignes, la commission de classification française n’avait pas encore tranché…

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