
Hier
Aux rires des adultes se mêlent les chamailleries des enfants. Entre deux bouchées de gâteau et une gorgée de café, les discussions vont bon train. Les membres de l’association « Divano » échangent en romani, la langue des « Roms ». Ils préparent l’organisation du festival « Romano Dives », qui se déroulera de mercredi à samedi (lire encadré) dans la capitale régionale.
Tous sont réunis dans le salon de Radu et Rada. Chose encore impossible il y a quelques mois… Le couple et ses enfants ont longtemps séjourné dans des logements de fortune. En 2012, la famille d’origine roumaine a quitté l’Italie, où elle vivait de la générosité des passants et de travaux agricoles, payés une misère. Elle a alors choisi de trouver refuge en France.
Pendant de longs mois, Radu et les siens se sont contentés d’une vieille caravane comme logis. Achetée 300€, elle abritait vingt-quatre personnes. « Ma femme, moi-même, ma soeur et mon beau-frère, nos parents, tous les enfants, énumère Radu, dans un français encore un peu hésitant. On dormait à sept dans le lit, les autres par terre ou dans la voiture. Mais ma mère est tombée malade. Ce n’était plus possible de vivre dans ces conditions. »
Tous ont ensuite déménagé dans une maison délabrée, le fameux « squat » du Plateau des Glières. Ils y ont vécu sept mois, sans eau chaude ni électricité, avant que les forces de police ne les délogent. C’était en octobre 2013. La préfecture a alors accordé une autorisation de séjour à quelques-uns d’entre eux. « La grand-mère, ses deux enfants mineurs, sa fille majeure, -elle même maman de deux enfants et enceinte- ont des motifs de santé, qui nous ont conduits à leur proposer un récépissé » expliquait la préfète de l’époque, Elisabeth Borne.
Dans le même temps, Radu a, lui, reçu une énième Obligation de quitter le territoire français (OQTF). « J’avais la sensation qu’on faisait tout pour m’empêcher de rester auprès de ma famille. Mais à chaque fois, je revenais. Je ne pouvais pas laisser Rada et les enfants. »
Enfin chez eux
Depuis le début de l’année, les choses se sont nettement améliorées. Radu a trouvé du travail à Bel-Air. Il fait « un peu de tout, surtout du bricolage ». Rada prend des cours de français au « Toit du monde ». Elle espère ensuite trouver un emploi de femme de ménage. Les enfants vont à l’école. « Ce sont des Poitevins, tout simplement », assure Grégory Sédek, créateur et vice-président de l’association « Divano ». « Le rejet vient de l’ignorance. Il existe une grande méconnaissance de la culture Rom. On les confond avec des « gens du voyage ». Mais beaucoup de Roms sont sédentaires et ne demandent qu’à trouver un endroit pour s’installer. »
C’est le cas de la famille de Radu. Avec l’aide d’associations, le couple a pu bénéficier d’un logement social. Radu et Rada peuvent enfin dire qu’ils sont « chez eux ». « Aujourd’hui, nous sommes heureux. » Et c’est bien là l’essentiel…
À lire aussi ...