Professeur des écoles

Tout au long de l’année, les journalistes du « 7 » se glisseront dans la peau des Poitevins, pour découvrir leur métier, tel qu’ils le vivent au quotidien. Pour le premier épisode de cette nouvelle série, direction l’école maternelle Renaudot, à Poitiers, où nous avons pris la place d’Audrey Hugonnaud- Fayolat, pour faire la classe aux élèves de grande section.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Dans la grande salle de classe du premier étage de l’école Renaudot de Poitiers, le silence est encore d’or. Le soleil levant colore la pièce parquetée d’une douce lueur jaunâtre. 8h40, jeudi dernier. Audrey Hugonnaud-Fayolat vérifie que tout est en ordre avant l’arrivée de ses élèves de grande section.

Aujourd’hui, l’institutrice a accepté de m’ouvrir les portes de sa classe. Elle m’en confie en partie les rênes, le temps d’une matinée. Autour d’un café, la maîtresse porte un dernier regard sur l’emploi du temps de la journée. Un oeil sur l’horloge, je découvre le programme des ateliers.
8h55. Les premiers élèves arrivent. En piste.

« My name is Jade »

Tandis qu’Audrey accueille les parents, je me poste au niveau du grand tableau numérique. Edouard, Xaïna, Juliette, Nassim et leurs petits camarades me rejoignent à tour de rôle, pour déplacer, à l’aide de la souris, leur prénom sur les cases « mange à la cantine » et « mange à la maison ». Peu intimidés par ma présence, les enfants, âgés de 5 ans pour la plupart, se montrent plutôt à l’aise avec les outils informatiques. Je m’efforce d’employer des termes simples et de soigner ma prononciation, pour ne pas créer de confusion de langage chez eux.

Les parents partis, quelques larmes essuyées, la classe peut commencer. Installés en U en face d’Audrey et moi, les vingt-quatre bambins énumèrent les absents, puis écoutent attentivement les premières consignes données par la maîtresse. Quatre groupes sont formés autour de quatre ateliers. Jade, Mahé, Minh et Doru viennent avec moi pour enregistrer, à l’aide d’une tablette, leur présentation en anglais. Timides ou confiants, les enfants se prêtent à l’exercice qui, l’air de rien, fait appel à leur capacité d’analyse et d’écriture et les initie à l’expression orale dans une langue étrangère. « My name is Jade », déclame, sourire aux lèvres, la première à se lancer, avant d’encourager ses petits camarades à l’imiter.

« Monsieur, c’est l’heure de la récréation »

10h. Alors que Maxime déambule dans la salle en sonnant la cloche pour annoncer la fin du premier atelier, les petites mains s’appliquent à bien ranger à leur place les affaires utilisées, avant de venir s’asseoir pour écouter les nouvelles consignes. Cette fois-ci, tous vont devoir écrire leur nom sur leur nouveau cahier de comptines et coller une feuille sur la première page. La présentation de l’exercice m’impose de faire preuve de pédagogie, tout en faisant en sorte que les enfants soient attentifs, lèvent la main pour poser une question et ne s’interrompent pas les uns les autres. Être maître d’école impose de conjuguer calme, réactivité et… fermeté.

Dans la cour de l’école, une autre classe s’attèle à un jeu. « Monsieur, c’est l’heure de la récréation », me lance l’un des bambins, la tête à la fenêtre. « Pas encore, tu dois d’abord terminer ton atelier, en te concentrant », lui réponds-je. Une moue, puis un sourire. Un collage appliqué, une comptine récitée avec ses camarades. Verre d’eau. Récréation. Avant de quitter mes fonctions de maître d’école, j’admire, non sans nostalgie, la joie de vie, innocente, d’une cour d’école ensoleillée.

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