Ces policiers victimes de violence

En avril dernier, deux affaires touchant des fonctionnaires de police ont provoqué un émoi particulier : une course-poursuite entre Poitiers et Buxerolles et l’incendie du commissariat des Couronneries. Deux faits divers sans conséquences, mais qui illustrent une montée des violences. Pas simple à gérer pour les flics en première ligne…

Arnault Varanne

Le7.info

Ç'aurait dû être un banal contrôle routier. On a finalement frôlé le drame. Ce 18 avril, vers 10h30, Pierre et son collègue Laurent (*), officiers de la Brigade motorisée urbaine, sont appelés à la rescousse par une patrouille. Une Laguna grise vient de foncer délibérément sur l’un des agents de police, le blessant à la jambe. A peine le temps de réagir que le fuyard se pointe derrière la moto de Laurent et le renverse. « Nous avons été séparés quelques instants et, avec du recul, j’ai ressenti beaucoup de stress car je ne l’entendais plus à la radio… Quand, ensuite, j’ai vu qu’il bougeait, ça allait mieux… », témoigne Pierre.

Depuis le printemps, les fonctionnaires de police en ont « beaucoup parlé » entre eux et avec la psychologue du commissariat (voir encadré). Ils ont aussi débriefé avec les formateurs du Centre départemental des stages et de la formation (CDSF), de manière à « examiner les points négatifs et positifs ». Déjà victime d’un guet-apens en région parisienne -« nous avions essuyé des coups de feu »-, le motard de la BMU repense « de temps en temps » à l’épisode du 18 avril, sans toutefois « psychoter ». Et ce même si l’enquête judiciaire ouverte pour « tentative d’homicide sur agent de la force publique » n’a, jusque-là, pas permis d’interpeller le(s) fuyard(s).

« Pas normal qu’on s’attaque à vous »

Dans la nuit du 22 au 23 avril dernier, fort heureusement, il n’y avait personne au commissariat des Couronneries. Car c’est une autre forme de violence qui s’est manifestée, avec l’incendie d’une Golf devant le poste de police de la place de Provence (son auteur court toujours, Ndlr). « Personnellement, j’étais en repos ce jour-là, mais on m’a immédiatement appelé pour me prévenir, esquisse Philippe Dauger, le chef d’unité. Heureusement que l’incendie n’a touché que la façade, sinon nous aurions été obligés de fermer plus longtemps… Des témoignages d’habitants nous ont fait chaud au coeur. On nous a dit : « Ce n’est pas normal qu’on s’attaque à vous ». »

Même si le nombre de plaintes et de procédures est en augmentation, le fonctionnaire ne « ressent pas plus de tensions » que par le passé. Il veille cependant sur ses collègues pour être certain qu’une patrouille « un peu chaude » ou qu’un face à face musclé avec un père de famille violent ne laisseront pas de trace psychologique. Le patron de la police des Couronneries rehausse également son niveau de vigilance au quotidien. Un comportement suspect, un regard trop appuyé, etc. « Ce sont des petits détails qui peuvent nous mettre la puce à l’oreille. » Drôle de paradoxe avec l’après-11 janvier. Les fonctionnaires de police avaient alors eu droit à des roses et des accolades très appuyées…

(*) Prénoms d’emprunt.

 

Une psychologue en soutien

Au-delà des deux cas sus-évoqués, les policiers poitevins et châtelleraudais sont aussi victimes de violences psychologiques. Qui sortirait indemne de la découverte d’un corps démembré, comme ce fut le cas à Châtellerault, il y a quelques semaines ? C’est dans ce genre de circonstances qu’une psychologue est dépêchée auprès des fonctionnaires touchés. Hélas, la Direction des ressources et des compétences de la police nationale ne lui a pas donné l’autorisation d’échanger avec le « 7 »…

 

130 faits en 2014

Outrages, rébellions, tentative d’homicide… L’année dernière, quatre-vingt seize faits d’atteintes à des agents dépositaires de l’autorité (policiers et gendarmes) ont eu lieu à Poitiers, trentequatre à Châtellerault. Sur les huit premiers mois de l’année, quarante-neuf affaires impliquant des forces de l’ordre ont été recensées.

 

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