Monshipour, tours et détours

Retiré des rings depuis juillet 2009, Mahyar Monshipour, sextuple champion de monde de boxe, est restée fidèle à la ville qui l’a accueillie, voilà près de trente ans. Avec lui, Poitiers se raconte en sourires.

Nicolas Boursier

Le7.info

Mahyar Monshipour, 40 ans. Conseiller technique sportif du ministère de Sports, auprès de la Fédération française de boxe.

Arrivé par… hasard ou né ici ?
« Je suis arrivé à Poitiers à l’âge de 10 ans et demi. Mon père, sous-préfet de police à Téhéran, savait qu’après mon 13e anniversaire, je ne pourrais plus sortir du territoire. Pour me protéger de la guerre, il a décidé de me confier à ma tante, Mahnaz, qui habitait aux Trois-Cités. Je me souviens très bien du jour de mon arrivée. C’était le 17 août 1986. »

La première image de Poitiers
« De l’appartement de ma tante, avenue Rhin et Danube, j’avais vue sur l’église et l’école des Sables. La première image que je garde en mémoire, c’est celle d’un paysage vert, qui tranchait singulièrement avec l’horizon minéral de mon quotidien à Téhéran. »

Un café le matin
« Sans hésitation L’Istanbul, place Notre-Dame. Avant tout parce que le patron, Alpay Kobal, est mon ami. Le problème, c’est que le matin, il dort. Du coup, je ne le vois pas... » (rires)

 Un dîner en amoureux
« Là encore, je fonctionne à l’affectif. Je vais manger dans des endroits tenus par des gens que j’aime bien, souvent même plus que leur cuisine (re-rires). Je préfère ne pas commencer de liste, car j’en oublierais. »

Un point de vue insolite
« J’adore l’axe mairie-préfecture et ses prolongements. D’abord pour le symbole qu’il représente, en matière de centralisation des pouvoirs, Région-Commune-Etat-Département. Ensuite parce que je suis convaincu que l’aménagement réalisé place Leclerc, rue Victor-Hugo et place Aristide-briand est une belle réussite. »

Un bâtiment remarquable
« C’est peut-être bateau, mais je ne peux m’empêcher de dire Notre-Dame. Car cette église au milieu de la place, c’est un peu l’histoire des villes et villages de France. Pour moi, le vrai cœur de cité, c’est là qu’il se trouve. »

Une verrue
« Je vais peut-être me faire des ennemis, mais j’assume pleinement. En tant que produit de l’immigration, je peux me permettre d’affirmer que Saint-Eloi a été mal pensé et, surtout, mal géré, par les organismes HLM notamment. La diversité sociale et ethnique n’y est pas assez représentative. Selon moi, on a constitué ce quartier selon les mêmes schémas que dans les années 60 et en commettant les mêmes erreurs. »

Votre quartier préféré
« Pour le coup, Les Couronneries offrent un vrai contrepoids à l’image renvoyée par Saint-Eloi. La place de Provence, le marché bi-hebdomadaire, la profusion d’associations et la mixité de ce quartier sont de vraies richesses. En tout cas, moi, je m’y sens bien. »

Le regard… des autres sur Poitiers
« De l’intérieur comme de l’extérieur, Poitiers est souvent perçue comme une ville un brin atone, peu festive, ce qui contraste avec sa vocation universitaire. Je confirme cette idée. Je serais sans doute même plus critique que la moyenne sur la nécessité de lui insuffler une vraie dynamique de mouvement... »

Les Poitevins sont…
«… Un savant mélange de petits fonctionnaires, héritiers du travail de la terre, et de descendants de la haute bourgeoisie. Je trouve le contraste saisissant.»

Vous dans quelques années, ici ou ailleurs ?
« Moi, ici. Mon épouse, ailleurs. Il faudra faire des compromis. »

La personnalité qui symbolise Poitiers
« Il n’était pas Poitevin, mais l’empreinte de René Monory était telle dans le département et est encore tellement prégnante que son nom et son œuvre me paraissent indissociables du développement de la capitale régionale. »

 

Pourquoi lui ? 

Il a porté, au plus haut de la reconnaissance internationale, les couleurs de la France et de Poitiers, l’a ville qui l’éduqué, formé et vu grandir. Vainqueur, le 4 juillet 2003, au Futuroscope, de son premier championnat du monde de super-coqs contre le Clermontois Salim Medjkoune, il a au-delà défendu victorieusement sa ceinture mondiale à cinq reprises, avant de la céder au Thaïlandais Sitchatchawal, le 26 mars 2006, à Levallois-Perret. Mahyar Monshipour a l’un des trois plus beaux palmarès de l’histoire du Noble Art en France.

 

 

 

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