Quelle démonstration !

En situation très inconfortable au classement, le PB86 a passé ses nerfs sur la Chorale de Roanne de fort jolie manière. Il n’y a «plus qu’à» confirmer.

Arnault Varanne

Le7.info

Les oiseaux de mauvais augure l’avaient enterré un peu trop tôt. Le PB86 a prouvé, l’espace d’une soirée, qu’il faudrait compter avec lui cette saison. Face à la Chorale de Roanne, Jeff Greer et ses coéquipiers ont chassé leurs vieux démons dans une forme de démonstration collective très aboutie. La plus mauvaise défense de Pro B s’est contentée d’encaisser soixante-treize points. Et la pire équipe au pourcentage (40%) s’est gavé de deuxièmes chances, concluant ce duel de bas de tableau par une orgie offensive… et 53% de réussite. 
 
Le sport pro a ses raisons que la raison ignore. On disait pourtant la lanterne rouge sonnée après être revenue de Nantes les valises pleines (68-96). On la pensait diminuée avec quatre soldats à l’infirmerie jusqu’en milieu de semaine. Au final, pas un n’a manqué à l’appel. Ni Arnauld Thinon, une nouvelle fois impeccable en sortie de banc et très en réussite derrière l’arc (18pts, 6/7). Dans le genre « efficace », Jeff Greer fut au diapason, nanti au final de 19pts et 5rbds. Mais il serait injuste de mettre en exergue la garde arrière poitevine. Car le succès aisé du PB contre la Chorale, acquis à la faveur d’un 13-0 à cheval sur les troisième et quatrième quarts-temps (61-62, 74-62), est à mettre au crédit de l’ensemble du collectif.
 
Morency  libéré
 
Bien sûr, Saint-Eloi a pu douter lorsque Darrin Dorsey a invité à haute voix Pierre-Yves Guillard à « fermer sa… », dans la langue de Shakespeare, cela va de soi. Le public s’est aussi interrogé lorsqu’Almeida est sorti de sa boîte en fin de deuxième acte (28-32, 17e). Mais le doute n’a pas duré car Poitiers a enfin pu compter sur son banc (37pts), notamment ses jeunes pousses. A l’image de Morency, très démonstratif après une passe décisif sur Charles-Catherine, le PB s’est libéré d’un poids insondable. « Ce genre de matchs fait beaucoup de bien », confiait l’ancien Choletais après coup. 
 
De temps en temps, avouons-le, ce Poitiers-Roanne a ressemblé à une sorte de All Star Game. A l’image de cette balle perdue de Joseph ponctuée par un contre d’Ekperigin sur Doucouré en contre-attaque. Une nouvelle fois (comme d’habitude ?), l’intérieur anglo-américain a livré une prestation de haut vol, achevant sa partition d’un double-double (13pts, 11rbds), assorti de six passes décisives. C’est d’ailleurs la statistique à retenir : 32 passes décisives. Jamais les hommes de Nelhomme ne s’étaient autant passés le ballon, jamais Darrin Dorsey n’avait été aussi altruiste (10). On passera donc sous silence son pourcentage famélique (25%) et ses choix de un-contre-un hasardeux. 
 
Parce que rien n’est jamais acquis, le PB86 devra remettre l’ouvrage sur le métier, si possible dès mardi à Orchies. Un succès là-bas lui offrirait des perspectives plus réjouissantes qu’un nouveau match sous pression face au Portel. Le jeu en vaut évidemment la chandelle. Maintenant, avec cette formation cyclothymique, il convient de rester très prudent. 
 
Photo Mickaël Planès
 
La fiche
 
A Poitiers, PB86 bat Chorale de Roanne 91-73. Mi-temps : 39-41. Evolution du score : 16-15, 39-41, 64-62, 91-73. Arbitrage de MM. Lopes et Bourgeois. 
 
Poitiers. Thinon (18), Harley (19), Morency (6), Dorsey (7), Ekperigin (13), Charles-Catherine (7), Joseph (6), Harley (5), Guillard (10). Entraîneur : Ruddy Nelhomme. 
Roanne. Grant (9), Pettigrew (12), Lesieu (11), Cheriet (8), Doucouré (16), Almeida (8), Gavrilovic (6), Ville (3). Entraîneur : Raphaël Gaume. 
 
Ils ont dit…
Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « Je suis juste content de la victoire, c’est ce qu’on va retenir. Ce championnat est de folie, tout le monde bat tout le monde. Ce soir, c’était bien pour le public, pour tout le monde. Le match de Nantes était un match où nous étions bien, c’est dommage que nous ayons fini avec quatre blessés. Quand on voit la prestation d’Arnauld ce soir, de Kevin ou de Jeff… On ne peut pas se relâcher contre n’importe quelle équipe. Nous sommes cohérents depuis quelques semaines, même si nous ne sommes pas là où nous voudrions au classement. On travaille de notre côté. On a su faire les stops défensifs au bon moment. Mais le championnat sera difficile jusqu’au bout. »
 
Darrin Dorsey (meneur du PB86) : « C’était une victoire très importante pour nous. Nous savions que nous devions gagner compte tenu de notre classement. C’est le meilleur match de la saison. Ruddy nous a mis dans la tête toute la semaine qu’il fallait défendre, défendre… Nous avons besoin de cela. Les mots contre Pierre-Yves ? Ce n’était pas méchant, c’était davantage contre moi. En plus, je pensais qu’on ne m’entendrait pas ! Ce n’était rien de mal… »
 
Arnauld Thinon (meneur du PB86) : « Il fallait la victoire, peu importe la manière. Je ne sais pas si c’est un match référence, mais il y a du mieux dans l’envie. A un moment donné, on s’engueule, mais cela a peut-être du bon de réveiller certains. On a mis du temps à se mettre dans le match, mais dès le départ nous étions cohérents. Je ne sais pas pourquoi nous ne faisons pas cela tout le temps. Dès qu’on se passe la balle, il y a tellement de danger dans cette équipe… C’est plus facile en attaque ! Mes shoots ? Les gars m’ont mis dans les bonnes dispositions. »
 
Romuald Morency (arrière du PB86) : « C’est le soulagement qui domine ce soir. Nous bossons à l’entraînement et il fallait que nous soyons récompensés. On est arrivés à faire un bon match, cela redonne confiance à l’équipe. On a été constants pendant quarante minutes. A titre personnel, je ne suis pas quelqu’un qui extériorise beaucoup, mais j’ai besoin d’évoluer là-dessus. Ça fait du bien de se lâcher. »
 
Raphaël Gaume (entraîneur de Roanne) : « Il est évident que ce match se joue dans le troisième quart-temps, quand on encaisse un 13-0. Je ne pense pas que les garçons se rendent compte que nous jouons l’avenir du club. Comment peut-on encaisser un 27-11 dans le dernier quart ? Ce soir, j’ai vu une équipe de guerriers en face de la nôtre. On n’a pu s’appuyer sur personne à ce moment-là. Il ne se passe rien, après deux temps-morts… Il va très vite falloir réagir contre Souffel. »

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