Il y a urgence à former les chômeurs

C’est l’une des principales mesures du plan d’urgence pour l’emploi annoncé, la semaine passée, par le Président de la République : 500 000 chômeurs vont bénéficier d’un programme de formation. Dans la Vienne, on se réjouit, mais avec quelques réserves.

Arnault Varanne

Le7.info

Le chiffre paraît hallucinant, presque irréel. En France, 10% des demandeurs d’emploi bénéficient d’une formation qualifiante en vue d’un retour sur le marché du travail. A défaut d’inverser la courbe du chômage d’ici à 2017, le coup d’accélérateur voulu par le Président de la République a au moins le mérite de faire bouger les lignes. Sur le terrain, « son » plan de bataille pour remettre 500 000 personnes le pied à l’étrier est perçu comme une excellente nouvelle. « On ne peut qu’être satisfait », reconnaît Francis Dumasdelage, dirigeant de l’AFC. Cet organisme privé forme 2500 personnes par an, dont la moitié pointe à Pôle Emploi. C’est là que les choses se gâtent. Car la multiplicité des opérateurs (Pôle Emploi, région, Opca, FFSP…) impose des délais « trop longs ». « Entre l’émergence d’un projet et le départ en formation, un demandeur d’emploi peut parfois attendre jusqu’à six mois. Ce temps de latence est préjudiciable. »

Francis Dumasdelage relève une autre incohérence du système : l’inadéquation entre les parcours proposés et la réalité du marché du travail. « Chez nous, par exemple, les entreprises nous demandent tous les jours de former des commerciaux. Elles n’en trouvent pas ! » Appelons cela le paradoxe français : 400 000 emplois non pourvus, plus de 3,9 millions de chômeurs. Cherchez l’erreur ! D’ailleurs, à l’Afpa, bras armé de l’Etat, les annonces présidentielles conduisent à des projections mesurées. Trois cents postes… de formateurs pourraient voir le jour.

Formation = emploi

« Au centre du Vigeant, nous avons une quarantaine de places en permanence, pour des gens qui veulent accéder aux métiers du BTP, du gros oeuvre et à des formations réglementaires, illustre Philippe Pager, directeur du pôle(*). Potentiellement, nous avons la possibilité d’aller jusqu’à une centaine supplémentaire. Mais nous attendrons déjà d’optimiser le remplissage des centres… » Là encore, les stats ne mentent pas. Un demandeur d’emploi a entre 75 et 78% de chances d’obtenir son diplôme. « Et le taux de placement en entreprise avoisine les 73%, avec un CDD supérieur à six mois ou un CDI à la clé. » Des chiffres confirmés par Pôle Emploi. En 2015, dans la Vienne 2 275 demandeurs d’emploi ont suivi une formation, avec un taux de retour à la vie active de 55,1%.

L’année 2016 sera déterminante sur un autre terrain plus… politique. Entre Pôle Emploi -deux tiers des formations- et les Régions, le combat du guichet unique est engagé. En Aquitaine-Limousin-Poitou- Charentes, Alain Rousset revendique le leadership. « Dans l’ex-Aquitaine, cent quarante structures s’additionnent sans se parler », déplore le député de la Gironde. « Il faut laisser piloter les Régions qui le souhaitent. L’harmonisation serait souhaitable pour tout le monde », insiste Catherine Veyssy, sa vice-présidente en charge de la formation professionnelle, de l’apprentissage et de l’emploi. Nul doute que le président de Région le (re)dira à Manuel Valls, le 11 février, date du séminaire entre le gouvernement et les exécutifs.

(*) Ainsi que de celui de Niort.

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