Thibault Duverneix, star <br>en devenir

Thibaut Duverneix. 34 ans. Ancien élève de l’Ecole européenne supérieure de l’image de Poitiers. Exilé à Montréal depuis douze ans. A participé à l’élaboration du nouveau spectacle nocturne du Futuroscope. Et, accessoirement, réalisé le clip du dernier single d’Elton John. Star en devenir.

Arnault Varanne

Le7.info

Avec le temps, l’accent périgourdin s’est effacé au profit d’une inflexion plus… québécoise. Avec le temps, le passeport français a glissé sous son homologue canadien. « En fait, j’utilise l’un ou l’autre en fonction de la file d’attente aux aéroports ! » Avec le temps, l’ancien étudiant de l’Ecole européenne supérieure de l’image (EESI) s’est aussi et surtout construit une carrière aux contours dorés. En débarquant, mi-janvier, à la gare de Poitiers, Thibaut Duverneix a ressenti comme « un souvenir vaporeux ». « J’étais déjà revenu en novembre, après le tournage de la Forge aux étoiles. Je voulais voir ce que la projection donnait sur les fontaines. » Le clin d’œil de l’histoire a voulu qu’il soit sollicité par l’agence québécoise 45 degrees, filiale du Cirque du soleil, pour un projet au Futuroscope. « Ce qui est encore plus fou, c’est que Dominique Hummel a fondé l’EESI ! »

Entre deux allers-retours Montréal-Poitiers, le créateur d’images aux multiples talents (3D, mapping, after effect…) a même trouvé « quelques jours » pour réaliser le clip du dernier single d’Elton John -Blue Wonderful-, à Montréal. Vous avez dit bankable ? Le frenchie garde la tête froide, même si la réussite le comble d’aise. Depuis cinq ans, ses références lui permettent de choisir les projets sur lesquels il a envie de bosser. L’ex-patron du studio Departement, qui comptait jusqu’à une dizaine de collaborateurs, a recouvré sa liberté d’action en 2014. Aujourd’hui, il ne fonctionne plus qu’en mode «commando», s’attachant les meilleures compétences au gré des réalisations à honorer. Sa micro-structure s’appelle Gentilhomme. 

Addict au boulot

Du Web à la musique, de l’image au cinéma, de la pub aux shows artistiques, ce fils de banquier et de secrétaire comptable vit la vie dont « il a toujours rêvé ». Libre et indépendant. « J’aimais pas l’école, même si j’ai toujours été plutôt bon élève. Je me faisais c… Apprendre par cœur, pour quoi ? » Ce «workoolique» (*) assumé a croisé sur sa route les bonnes personnes. Et en particulier Michelle Héon, sa professeure de scénographie à Poitiers. C’est elle qui l’a incité à tenter l’expérience montréalaise. «Elle voulait que je m’inscrive à l’Uqam, mais j’ai préféré Concordia pour maîtriser l’anglais.» Là-bas, il a joué les « teacher assistant » dans un labo de recherches. Sa soif de créativité et son exigence ont fait le reste. 

Thibaut Duverneix constitue aujourd’hui une sorte de produit d’exportation. Aux Etats-Unis. En Asie. Et parfois aussi en Europe, même si le Vieux continent reste en retrait. En 2015, il a contribué à réaliser le plus gros mapping d’Asie à Bangkok, collaboré avec Madonna. Dans quelques semaines, il sera à Singapour pour « mapper » un immeuble, encore avec la compagnie Moment Factory. Et il bossera également sur le prochain show sous chapiteau du Cirque du soleil. Bref, ce gars-là ne s’arrête jamais une seconde. Un peu acharné, non ? « Disons que je fais tout à fond. Je suis un peu dans l’excès. L’été, chez moi, je fais quatre-vingts litres de sauce tomate. Juste comme ça… » Vu le temps qu’il passe à son domicile de La petite Italie, c’est presque du gâchis ! En dehors de la rigueur du climat, Thibaut kiffe sa ville.

Tenté par le cinéma

« Je me retrouve toujours avec des projets en Californie l’été. Donnez-les moi l’hiver ! » A défaut de se réchauffer au soleil de « LA », l’ex de l’EESI brûle de réaliser un long-métrage. Le sien. Il bosse dessus, mais cherche un scénariste. Son premier « court » Holder’s comma, tourné avec une actrice américaine, lui a permis de se faire la main. Promis, son prochain projet -sans doute un court- sera moins perché. Mais il y a de fortes chances que l’esthétique soit aussi léchée. « Ça traitera probablement de la danse. » 

Conception, tournage, production, post-production… Il se sent capable de « tenir un plateau de film ». Reste à trouver le partenaire idoine, capable de diriger les acteurs. Avec ses faux-airs de Johnny Depp, Thibaut Duverneix ne sent « pas encore » légitime. Lui est un homme de l’image. A 360°. 

(*) Dépendant au travail, en français de chez nous !

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