La Vienne s'arme au cas où

Après les attentats du 13 novembre, les autorités sont plus que jamais dans l’urgence de distiller les bonnes infos au grand public. D’où la tenue récente d’une journée d’étude sur la radicalisation et la distribution d’un « guide des bonnes pratiques » en cas d’attentat dans les écoles.

Arnault Varanne

Le7.info

Dans la Vienne, plusieurs dizaines d’individus seraient étroitement surveillés pour des faits supposés de radicalisation. Un chiffre « dans la moyenne basse » des départements français, confie une source très bien informée. Qui affirme qu’aucun Poitevin n’a (encore ?) franchi le pas d’un départ en Syrie. Même si le « 86 » n’est pas une terre de « djihadistes » en puissance, la prévention de comportements déviants se trouve en tête de liste des priorités des autorités. La semaine dernière, plus de trois cents policiers, gendarmes, animateurs de quartiers, élus et représentants du culte ont assisté à une journée d’étude sur ce sujet brûlant.

Le frère de Merah à l’isolement

Moustapha Bihya était aux premières loges. L’aumônier musulman de la prison de Vivonne est plus que jamais attentif « aux discours » qui mènent à des formes de radicalité. « On sait très bien que le processus démarre par des frustrations, un sentiment de relégation et, ensuite de l’isolement et un possible embrigadement. »

Jusqu’en janvier 2015, le propre frère de Mohammed Merah -Abdelkader, incarcéré à Vivonne depuis le 10 juin 2014- fréquentait la mosquée de l’établissement. Mais il a été mis à l’isolement « après les attentats de Charlie » selon Moustapha Bihya. Ces derniers jours, on a d’ailleurs appris qu’il serait jugé devant une cour d’assises pour complicité d’assassinat.

Maintenant, il n’y pas qu’en prison que les discours haineux circulent. Quelques ouvrages d’auteurs salafistes sulfureux, vendus sur le marché des Couronneries, font bondir les musulmans modérés. Sans « céder à la peur », il convient d’être vigilant. « Signaler des propos ou des comportements suspects, c’est l’affaire de tous », juge Gaby N’Gadou. Le médiateur social des Trois-Cités a déjà eu quelques échanges avec des jeunes en déshérence. « Je préfère aller à leur rencontre, comprendre. Le dialogue est essentiel. »

« S’informer et s’exercer »

Dans l’Education nationale, la prévention de la radicalisation s’accompagne d’un autre impératif. Un « guide des bonnes pratiques » en cas d’attentat circule dans tous les établissements. Charge aux proviseurs, principaux, inspecteurs et directeurs de diffuser ensuite « la bonne parole » auprès de leurs élèves. « La société française doit se préparer et se protéger face à la menace terroriste », est-il indiqué en préambule. Développer sa vigilance, sensibiliser les personnels, transmettre les réflexes… Autant de consignes répertoriées dans ce fascicule. Des schémas vont jusqu’à indiquer comment se confiner si des terroristes se trouvent à proximité. Vous avez dit anxiogène ?

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