Claeys voit Poitiers en grand

Réélu il y a deux ans, Alain Claeys s’efforce de tirer « sa » ville vers le haut, a fortiori avec la perte du statut de capitale régionale. Le maire et président de Grand Poitiers perçoit la nouvelle région comme « un formidable accélérateur ».

Arnault Varanne

Le7.info

« Par la prédominance de son secteur public, Poitiers est naturellement mieux protégée des tourments, (…) mais pas épargnée. » Cette phrase signée Alain Claeys figure en page 5 du document de campagne qu’il a abondamment distribué, au printemps 2014. A l’époque, le candidat à sa réélection évoquait la crise économique comme le problème majeur à affronter, y compris dans une ville autant « administrée » que Poitiers.

S’il s’était préparé à l’élargissement de l’agglo, le député de la 1re circonscription de la Vienne n’avait, en revanche, pas imaginé que le « big bang » institutionnel conduirait à une grande région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes.

Aujourd’hui plus qu’hier, le socialiste joue donc de ses réseaux d’influence pour tirer le meilleur parti d’une situation qui, objectivement, affaiblit l’ex-capitale régionale. « J’entends certains dire que Poitiers est en grand danger. C’est stupide ! Il n’y a pas trop d’emplois publics… » Et l’édile de citer le CHU, l’université, la cour d’appel comme autant de bastions « forts et par définition non délocalisables ». « L’avenir de Poitiers n’est pas de se refermer sur elle-même, mais de passer des alliances », ajoute-t-il. D’où ce rapprochement avec Alain Rousset pour que « des dispositifs intéressants sur la recherche et l’innovation puissent faire émerger de l’activité économique ». Le patron PS d’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes serait sensible à cet appel du pied de son collègue parlementaire.

Travail de lobbying

Il est évident que Poitiers ne regardera pas passer les trains, au sens propre comme au figuré. Sur l’axe Paris-Bordeaux, la ville a obtenu un maintien de ses dessertes, à compter du 1er juillet 2017. Là encore le fruit d’un travail de lobbying de longue haleine pour Alain Claeys. « Le formidable accélérateur » que constitue, selon lui, la grande région, a aussi précipité l’avènement d’un Très grand Poitiers. Dans un peu plus de six mois, l’agglo -bientôt communauté urbaine- comptera quarante-deux communes et 194 000 habitants. Ce qui en fera la troisième entité d’ALPC, derrière Bordeaux et Limoges. Restera à digérer cette croissance ultra-rapide et à créer les conditions d’une gouvernance partagée dans un si grand ensemble.

Là-dessus, beaucoup le reconnaissent, Poitiers avait un train de retard. Maintenant, rien ne dit que son accessibilité, sa qualité de vie et ses « atouts objectifs » (CHU, université, très haut débit sur les zones d’activité…) serviront ses desseins en termes d’emploi privé. C’est sans doute le plus grand défi d’Alain Claeys à l’horizon 2020. « Sa » ville mute et lui n’est pas loin d’opérer un virage décisif sur le volet économique. « Il faut accélérer ce mode de développement et que les outils institutionnels accompagnent la création d’entreprises », conclut-il. Rendez-vous dans quatre ans.

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