La Cité judiciaire au futur simple

Au premier semestre 2019, Poitiers disposera d’un nouveau Palais de justice, en lieu et place de feu le lycée des Feuillants. Après presque une décennie d’atermoiements, le chantier a officiellement été lancé par le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas.

Arnault Varanne

Le7.info

Dans une époque marquée par la raréfaction des ressources publiques, la construction d’un nouvel édifice à 54M€ ne passe pas inaperçue. Et pourtant, comme l’a rappelé Alain Claeys dans son discours, le projet de nouvelle Cité judiciaire a failli passer de vie à trépas, en 2014, après un arbitrage défavorable de Bercy. Le permis de construire venait d’être accordé. L’entregent du député-maire de Poitiers a permis, en dernier recours, d’obtenir une décision positive du Premier ministre. Depuis ses premiers pas à l’hôtel de Ville, en 2008, l’élu aura ainsi négocié avec deux gouvernements, sept préfets, deux procureurs généraux et autant de premiers présidents de la cour d’appel. 

Le lancement officiel des travaux de la Cité judiciaire, ce matin, en présence du garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, restera donc gravée dans l’histoire. Une histoire qui ne peut plus balbutier ! «J’aurai peu l’occasion de lancer de tels projets pendant mon passage à la chancellerie, a indiqué le ministre de la Justice. Alors, merci monsieur le député-maire de votre ténacité et d’avoir déplacé des montagnes ! » Dans très exactement deux ans et demi, quelque trois cent fonctionnaires et magistrats s’empareront de leurs nouveaux locaux. Une Cité accueillante de 11 500 m2, où cour d’appel, cour d’assises, tribunaux d’instance et de grande instance, tribunal de commerce et conseil des prud’hommes seront enfin réunis. Huit salles d’audience, dont une d’assises, et treize salles d’audience de cabinets seront par ailleurs à la disposition des justiciables. 

« Un tout petit budget »

D’une certaine manière, les Poitevins seront des privilégiés au regard de la situation dans d’autres juridictions. L’ancien président de la commission des lois de l’Assemblée nationale est d’ailleurs conscient des carences de la chancellerie. « Nous avons un tout petit budget de 8 milliards d’euros, qui représente 61€ par Français, là où des pays partenaires y consacrent le double… » Au-delà de cette «unique priorité» (cf. encadré), Jean-Jacques Urvoas a profité de son passage dans l’ex-capitale régionale pour assurer le service après-vente de « sa » loi pour une Justice du XXIe siècle. Et notamment du controversé divorce par consentement mutuel… sans passage devant le juge, auquel nous avons consacré un long papier cette semaine


Un ministre très attendu
Le garde des Sceaux a bénéficié d’un comité d’accueil particulier. Une centaine de syndicalistes de la CGT-Pénitentiaire et du Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire (Snepap) étaient positionnés boulevard de Lattre-de-Tassigny. Une délégation a été reçue par Jean-Jacques Urvoas en personne. « Nous lui avons rappelé les revendications nationales des SPIP, en les illustrant de la situation locale des antennes de Poitiers et du centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne:  640 détenus et 1 300 mesures en MO suivis par moins de 24 CPIP ETP sur le département, plus de point d'accès aux droits, ni d'assistante sociale au centre pénitentiaire... », indique l’intersyndicale. Visiblement, les réponses de l’actuel locataire de la place Vendôme n’ont pas satisfait les manifestants. C’est un euphémisme… 

 

 

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