« Les yeux de nos enfants vont briller »

En partenariat avec l’association Audacia, la rédaction du «7» a choisi de donner la parole à ceux qui ne l’ont jamais. Personnes handicapées, marginaux, femmes seules, délinquants sur la voie de la rédemption... Les « Oubliés de la vie » ont tribune ouverte dans notre magazine. Cette semaine, focus sur Damien, Emmanuelle et leurs trois enfants.

Florie Doublet

Le7.info

Damien, 30 ans. Emmanuelle, 28 ans. Ils forment un couple depuis 2007 et sont les heureux parents de Mathéo (7 ans), Lana (4 ans) et Naoki (7 mois). La famille a plongé dans la spirale infernale du surendettement et vient seulement de sortir la tête de l’eau.

Emmanuelle. « Nous étions dans une situation financière délicate depuis plusieurs années. Quand exactement, je ne sais plus. Nous ne faisions pas vraiment attention à nos dépenses. Lorsque nous avions envie de quelque chose, nous l’achetions. Nous réussissions à nous en sortir grâce à nos contrats d’interim, moi comme aide-soignante et Damien en tant que manutentionnaire. Et puis, il y a eu cet accident... »

Damien. « C’était en 2010, j’étais alors déménageur. En cherchant l’interrupteur en haut des escaliers, j’ai dévalé les marches et chuté de trois mètres. La tête radiale, une articulation du coude, a été fracturée. Mon arrêt de travail a duré six mois, puis je n’ai plus eu d’indemnisation. Sans vraiment nous en rendre compte,nous nous sommes endettés. Nous n’arrivions plus à joindre les deux bouts. »

« Les enfants en priorité »

Emmanuelle
. « Nous avons déposé un dossier de surendettement en 2011. C’était déjà très compliqué. Et puis, je suis tombée enceinte de Naoki. Ce n’était pas prévu. Il a fallu s’organiser. Nous n’avions plus de matériel de puériculture. Tous les mois, nous économisions chaque centime pour acheter la poussette, le lit parapluie... Evidemment, la grande majorité des achats étaient d’occasion. Nous avons fait passer nos enfants en priorité. On s’oublie quand on est parent. Je porte les mêmes vêtements depuis des années. »

Damien. « Nous vivions à cinq dans un T3. Nous avions la sensation d’étouffer. Je ne sais pas si vous pouvez imaginer notre quotidien... Notre bailleur ne voulait rien entendre, alors qu’il était évident que nous avions besoin d’un logement plus grand. Nous avons fait appel à Audacia qui nous a beaucoup soutenus et aidés. Nous avons déménagé en février pour un T5, à Saint- Eloi. Nous respirons enfin. »

Emmanuelle. « Ça y est, notre dossier de surendettement a été fermé. Nous allons pouvoir prendre un nouveau départ. Nous sortons la tête de l’eau. Désormais, nous regardons nos dépenses de très près. Pour nos dix ans, nous allons nous autoriser une petite sortie tous les deux. Et puis, nous ferons plaisir à nos enfants. Cette année, lorsqu’ils verront les cadeaux au pied du sapin, leurs yeux brilleront enfin. »
 

Un accompagnement personnalisé

Damien et Emmanuelle ont bénéficié d’un « accompagnement social lié au logement ». « Nous avons établi ensemble un contrat de six mois renouvelé une fois, explique Sarah Mathaud, accompagnatrice sociale pour Audacia. Il était clair que nous ne pouvions pas laisser cette famille dans son ancien logement. » La condition sine qua non pour qu’elle puisse bénéficier d’un nouvel appartement était de rénover le précédent. Les tapisseries avaient été très abîmées par les cinq chats du couple. « Damien et Emmanuelle étaient tous les deux de très bonne volonté, mais ils n’avaient pas les connaissances techniques pour refaire du papier peint, explique Sarah. Donc, nous avons mis un place un contrat d’auto- réhabilitation avec le service « habitat et logistique » d’Audacia. » Un salarié de la structure est venu au domicile du couple et l’a aidé très concrètement à réaliser les travaux. Il a d’abord accompagné Damien lors de l’achat des fournitures, puis l’a épaulé pour la pose.

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