« Le Mooc est l’avenir de la formation »

Yannig Raffenel est directeur éditorial et pédagogique de la start-up OpenClassrooms. Invité par l’Espace Mendès-France à s’exprimer sur la question de l’éducation à l’heure du numérique, il livre au « 7 » une perception éclairée du rôle des Mooc dans la société de demain.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

François Hollande présente OpenClassrooms comme le leader européen dans le secteur des Mooc. En quoi cela consiste-t-il ?

« Nous proposons des centaines de formations, dont certaines délivrant un titre reconnu par l’Etat, accessibles toute l’année, 24h/24, depuis n’importe où dans le monde. Plus de 3,5 millions de personnes utilisent notre plateforme chaque mois et profitent d’un accès libre à l’intégralité de nos contenus pédagogiques. »

Quel est le principal atout du Mooc ?

« Au fil des ans, nous nous sommes rendu compte que l’auto-formation se concluait souvent par un abandon. Avec les Moocs, les apprenants ne sont plus de simples consommateurs. Ils deviennent acteurs et participent à l’échange collaboratif. Il y a un changement de posture qui donne une dimension de « social learning » et crée un sentiment d’appartenance à un groupe. On se rapproche du fonctionnement d’une classe d’école. »

Fin mai, la ministre du Travail Myriam El Khomri a annoncéla signature d’un partenariat avec l’Américain Cisco pour former 200 000 personnes aux métiers du numérique en trois ans. OpenClassrooms n’aurait-il pas pu être sollicité ?

« Si, bien sûr. Nous comptons notamment plus de dix mille demandeurs d’emplois parmi nos usagers. Mais il y a de la place pour tout le monde sur ce secteur. Microsoft, Cisco, Simplon... Plus nous serons nombreux, mieux ce sera. Croire que l’on peut continuer à apporter aux élèves les contenus de la même manière est une grossière erreur. La dynamique doit être plus valorisante et plus passionnante. »

À ce sujet, justement, Alain Rousset (président de Région) déclarait récemment vouloir, d’ici trois ans, installer le livre numérique dans tous les établissements scolaires d’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. Que pensez-vous de cette démarche ?

« Il est évident qu’il est absurde de continuer à demander aux élèves de trimballer leurs livres à l’école. Non seulement parce qu’ils sont lourds, mais aussi parce que l’utilisation du livre en elle-même est extrêmement passive. En ce sens, je pense que parler du livre numérique est d’ores et déjà obsolète. Il faut selon moi adapter les dispositifs de manière différente. Je pense notamment à une start-up toulousaine, SchoolMouv, qui a réalisé plus de mille vidéos avec des acteurs, reprenant l’intégralité du programme de collège et de lycée. De manière générale, le Mooc est l’avenir de la formation, dans le sens où il permet de modulariser les contenus pédagogiques et de se plier à toutes les contraintes des élèves. »

Conférence de Yannig Raffenel, « L’éducation à l’heure du numérique, l’exemple OpenClassrooms ».
Jeudi 9 juin, à 16h30, à l’EMF. Accès libre.

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