Urgences : 5h01 d’attente <br>en moyenne

L’Observatoire régional des urgences vient de publier son panorama 2015 des établissements de la région. Le CHU de Poitiers figure en queue de peloton pour le temps d’attente. Chef du service, le Pr Olivier Mimoz évoque cependant « des progrès » dans la prise en charge.

Arnault Varanne

Le7.info

C’est un combat de tous les jours, un défi de tous les instants. La prise en charge des patients aux urgences du CHU de Poitiers relève de la gageure tant le flot des Poitevins à s’y presser au moindre pépin de santé ne cesse d’augmenter. Entre janvier et avril 2016, le nombre de passages a ainsi augmenté de 10% par rapport à la même période de l’année précédente. Il avait été contenu à 3% entre 2014 et 2015(*), selon les données communiquées par l’Observatoire régional des urgences (Oru), qui passe au crible soixante-sept établissements de la Nouvelle-Aquitaine.

Dans ces conditions, rien d’étonnant à ce que les temps d’attente restent élevés à la Milétrie. Avec 5h01 en moyenne -3h54 en médiane-, Poitiers figure en queue de peloton, juste devant le CHU de Limoges (6h33). « Il faut toutefois souligner que la durée de passage a baissé de plus d’une heure au cours des dernières années », précise le Pr Olivier Mimoz, chef du service des urgences. Une « performance » rendue possible par la réorganisation complète du dispositif en filières (courte, couchée, urgence absolue). Sur les cent quarante patients admis quotidiennement, un tiers relève cependant de la médecine générale. « Le problème, c’est qu’il y a de moins en moins de généralistes, poursuit le Pr Mimoz. Les patients veulent un rendez-vous tout de suite. Certains arrivent avec des douleurs qui datent de plusieurs mois. » A l’en croire, les urgences seraient presque victimes de leur succès.
« L’avantage, ici, c’est qu’on combine le fait de voir un médecin rapidement et d’accéder à l’imagerie et à la biologie... »

La plaie des examens complémentaires

Malgré ces vents contraires, le CHU fait front pour offrir une prise en charge de qualité aux habitants du territoire. Avec deux objectifs prioritaires : que plus de 90% des patients passés par la filière courte restent moins de quatre heures, moins de six heures pour ceux accueillis via la filière couchée (beau- coup de personnes âgées, Ndlr). Le rapport de l’Oru précise que 51% des personnes ressortent aujourd’hui en moins de quatre heures. A ce jour, ils sont trente-sept praticiens en première ligne à la Milétrie, Samu-Smur et hôpital de Montmorillon compris. « Nous étions moins de trente il y a encore trois ans », remarque le chef de service. Qui admet que des marges de progrès existent encore, sur « la prise en charge en aval », « le retour à domicile plus rapide » et « les examens complémentaires ».

« Nous testons actuellement un système de recours aux ambulances privées pour éviter que les patients n’attendent trop. Quant aux examens qui ne servent à rien, ils nous font perdre du temps. » En Nouvelle-Aquitaine, c’est l’hôpital d’Angoulême (Girac), qui détient le record du « meilleur » temps d’attente moyen, avec 2h27 pour 52 391 admissions en 2015. Le CHU de Poitiers culmine, lui, à 66 806 passages.

(*) Urgences adultes et pédiatriques confondus. Le rapport de l’Observatoire est disponible sur www.oruna.fr 

 

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