Bataille de succession à la CCI

Les prochaines élections à la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne s’annoncent tendues. Face à Claude Lafond, investi par le Medef et la CGPME, David Cottereau a choisi de monter sa propre liste. Président sortant, Philippe Chartier appelle au « respect des uns et des autres ».

Arnault Varanne

Le7.info

Il réfute le terme de « dissidence » au profit du mot « indépendance ». Ce n’est pas parce qu’il prend du champ avec le Medef que David Cottereau se laisse aller à une déclaration de guerre en règle. Oui, il a mal pris le fait de ne pas avoir été choisi pour représenter le syndicat patronal -qui a fait alliance avec la CGPME- aux élections consulaires d’octobre prochain (*). « J’étais résigné et dépité, mais je n’étais pas tout seul… », glisse le chef d’entreprise de 44 ans. Il a donc mûri un projet alternatif à celui porté par Claude Lafond, 69 ans, propulsé vers la succession de Philippe Chartier. 

Reste une inconnue de taille : arrivera-t-il à constituer une équipe de trente-six noms, avant le 23 septembre, date de clôture du dépôt des listes ? Sur ce point, le futur-ex vice-président se montre confiant. « Nous serons au rendez-vous ! » La tête de liste des « Entrepreneurs en Vienne » entend «faire bouger les lignes et changer les méthodes de travail». « Au minimum, nous voulons que cette campagne ne soit pas insipide et qu’elle suscite des débats ! » En creux, on comprend qu’il n’a pas forcément goûté tous les épisodes de la dernière mandature, alors qu’il a été en première ligne sur l’épineux dossier du fiasco France Business School. Avec l’issue que l’on sait, le rachat des actifs de l’Escem par Sup de Co La Rochelle et le réseau des Grandes écoles spécialisées. « Là-dessus, j’ai pris beaucoup de coups et subi une vraie campagne de dénigrement ! »

« Mon programme, vous l’aurez après ! »

Dans le camp d’« en face », Claude Lafond fait front, mais ne retient pas ses coups. « La liste de David Cottereau ? C’est son problème, que le meilleur gagne ! » Le fondateur de La Petite France a « senti qu’il devait être président » et « sait qu’il peut apporter des choses ». Sur quelle base ? Silence radio jusqu’au dépôt des listes. « Mon programme, vous l’aurez après ! » On insiste : la baisse des dotations de l’Etat, les services, l’engagement au sein de l’aéroport, la gestion de l’après-Escem ?... Pas de réponse pour le moment. « On gèrera tous les problèmes qui se présenteront, y compris Sup de Co (sic). »

Au milieu de ses deux vice-présidents, Philippe Chartier joue la carte de la neutralité. Le couteau suisse des milieux économiques poitevins a « refusé de siéger à la commission d’investiture du candidat Medef-CGPME » et restera donc « en retrait » pendant la campagne. « Ce que je peux simplement dire, c’est que nous sortons d’une mandature difficile. Je veux que les débats pour ma succession aient lieu dans la clarté et la transparence. » Pas sûr que le radiologue soit entendu. Au moins, cette bataille de succession et de générations aura-t-elle le mérite d’attirer l’attention sur un scrutin boudé par 77% des électeurs, en 2010. C’est déjà ça. 

(*) Le vote sera ouvert du 20 octobre au 2 novembre, à quelque 13 000 ressortissants dans la Vienne.

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