Laurent Fabius en ambassadeur <br>des accords de Paris

Ancien ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius restera l’homme du succès de la Cop 21, qu’il a présidée en décembre dernier. Il était à Poitiers ce soir pour assurer « le service après-vente ».

Arnault Varanne

Le7.info

Laurent Fabius, moins d’un an après la Cop 21, l’accord de Paris a été ratifié par une majorité de pays. Surpris de cette rapidité ? 
« J’étais moi-même intervenu pour dire que signer un accord, c’était bien, mais qu’il fallait maintenant le ratifier. L’action des Chinois et des Américains, qui sont les deux plus gros pollueurs au monde, a été décisive. De son côté, l’Europe avait une difficulté. Comme l’Union européenne avait signé, il fallait que ce soit elle qui ratifie. Le bon sens a finalement prévalu…Maintenant, il faut l’appliquer ! Ce sont vingt-neuf articles et cent quarante décisions à mettre en œuvre jusqu’en 2030. La menace est peut-être encore plus grande qu’il y a un an, il faut donc accélérer. »

Dans un entretien au Monde, vous avez défendu la création d’un pacte universel pour le climat et l’environnement. De quoi s’agit-il ? 
« Au niveau international, il n’existe pas de pacte universel qui codifie les règles en matière environnementale et permet aux individus ou aux sociétés de demander leur application. C’est un peu à la bonne volonté des Etats. Il existe, dans le domaine civil, de tels pactes et je souhaite rassembler une série de juristes à l’échelon international pour aboutir à un document de référence. C’est très ambitieux, mais cette idée a reçu un bon écho. »

« Une prise de conscience »

Comment être sur que les promesses soient suivies d’effets ? 

« Il faut pousser et continuer de peser ! L’accord de Paris va rencontrer des résistances. Quand je parle de résistances, je pense notamment au nouveau président philippin, M. Duterte, qui n’en veut pas. Aux Etats-Unis, il y a deux candidats aux élections présidentielles. Et l’adversaire de Mme Clinton trouve que le réchauffement climatique est une plaisanterie. Donc nous devons tous nous mobiliser. »

L’environnement est-il la priorité des Français, dans un contexte de chômage massif, de débats autour des migrants ?...
« Il faut convaincre que ce sujet est une nécessité absolue. Le dérèglement climatique est une menace grave, qui aura des conséquences sur l’eau, l’agriculture, les migrations… Imaginez que si toute une série de pays deviennent inhabitables, nous n’aurons pas quelques millions de migrants, mais des centaines de millions. Je pense donc qu’il y a une prise de conscience. Mais beaucoup de gens se demandent ce qu’ils peuvent faire à leur niveau. Or, chacun a son rôle à jouer, dans sa manière de manger, de consommer… Les petits ruisseaux font les grandes rivières. »

 

 

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