« Du rap pour tout le monde »

Le rappeur français Oxmo Puccino se produira, demain à 20h30, au centre socioculturel de la Blaiserie. L’artiste d’origine malienne, surnommé par certains « le nouveau Brel », se démarque par un rap poétique et mélodique, une voix chaleureuse et des textes percutants, à contre-courant des clichés du rap actuel. Le « 7 » l’a rencontré.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Oxmo Puccino, vous êtes actuellement en tournée de promotion de votre huitième album. Une tournée de soixante-cinq dates, sur des scènes très diverses, du théâtre au grand festival. Qu’est-ce qui change d’un concert à l’autre ?

« La tournée est organisée en série de dates avec un genre de salles en particulier. On a commencé par les salles de musiques actuelles (Smac), puis les festivals et enfin les scènes nationales et théâtres. À chaque fois, nous adaptons le spectacle parce que ce n’est jamais le même genre de public. J’aborde chaque concert tranquillement avec les morceaux qu’il faut pour satisfaire chaque tranche. J’entends par là que vous ne retrouverez jamais le même public dans les trois endroits que j’ai cités. Mon public n’a pas d’identité. Il a un esprit mais pas d’âge. Il a du goût. Aujourd’hui, je vois des adolescents, des personnes de mon âge, des parents et grands-parents. Ce n’était pas le cas il y a encore cinq ans. »

Il arrive que vous jouiez dans des théâtres face à un public d’abonnés qui ne vous connaît pas forcément. Qu’est-ce qui ressort de ces concerts ?

« Généralement, ils sont agréablement surpris. Parce qu’ils arrivent avec leurs préjugés sur le rap mais aussi avec leur curiosité. Mon spectacle ne ressemble à rien d’autre. Sur scène, je suis accompagné par des musiciens et des ingénieurs son et lumière très talentueux, qui pourraient rendre le spectacle extraordinaire même si je n’étais pas là. »

Vous avez sorti, l’an passé, votre huitième album et venez de dépasser les vingt ans de carrière. Quel est le secret de votre longévité ?

« La passion, le travail et l’entourage. Tout simplement. »



Qu’est-ce qui a changé dans le monde de la musique depuis vingt ans ?

« La dématérialisation de la musique, tant dans sa production que dans sa consommation. Ma fonction première est de faire de belles chansons, le reste ne m’appartient plus. C’est comme le courant d’un fleuve, je ne vais pas me battre contre cela. J’espère être dans une qualité multi-plateforme. Ce que j’ai à proposer s’attaque d’abord à l’émotion. Ce n’est pas le lieu où l’on prend du plaisir qui m’importe, mais ce qu’on retient du plaisir. Je ne suis pas dans la surproduction. Je ne répondrai jamais à des bons de commande. Aujourd’hui, de nombreux artistes entrent en studio avec l’appréhension de ce que va penser le public. Je n’ai jamais fonctionné comme ça. Je propose et je vois ce qui se passe. »

Vous vous démarquez par un style bien à vous, en maniant les mots comme personne et en étant capable de les poser sur de l’amplifié comme de l’acoustique. Êtes-vous un ovni du rap ?

« Non, j’aspire simplement à être un musicien. Un bon musicien peut jouer avec n’importe qui, n’importe quand, dans n’importe quel pays. Ce n’est qu’une question de rythmique et de relations humaines. Ce qui me passionne et me motive, ce sont les rencontres. La musique n’est qu’un prétexte. »

Quels sont vos projets musicaux pour l’avenir ?

« Après la tournée, je ferai un break. Je vais finir d’écrire mon film, un livre aussi, et me concentrer sur le développement des artistes, dans un rôle de producteur. »

Quel regard portez-vous sur la scène rap ?

« Je suis heureux parce qu’il y a du rap pour tout le monde. C’est un style qui est entré dans l’histoire de la musique française. »

 

Oxmo Puccino, au centre socioculturel de la Blaiserie. Demain à 20h30. Partenaires de l’événement, Grand Poitiers et Eco-systèmes proposent aux Poitevins un tarif préférentiel de 10€, en échange d’un déchet d’équipement électrique et électronique (DEEE). Renseignements et réservations au 05 49 58 05 52.

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