La « nouvelle agriculture » suscite l’optimisme

La récolte de 2015 n’était pas terrible, mais 2016 s’annonce pire. C’est le constat dressé aujourd’hui par Terrena Poitou, qui tient son assemblée générale à Jaunay-Clan. Comme un clin d’œil, malgré la tendance, la coopérative agricole a invité pour l’occasion Maximilien Rouer, l’auteur d’un livre « optimiste » sur l’évolution du monde agricole.

Romain Mudrak

Le7.info

De l’avis des spécialistes, 2014 était une année exceptionnelle avec, en particulier, un maïs abondant. Dans ce contexte, la récolte de 2015 a forcément déçu du côté de Terrena Poitou. On est passé de 680 000 à 618 000 tonnes. Le chiffre d’affaires de la coopérative agricole a suivi la même tendance, chutant de 230 à 205M€.

Mauvaise nouvelle, la récolte de 2016 s’annonce « catastrophique » de l’aveu même de Philippe Villain, président de la coopérative agricole. « La production a baissé de 30%. Le nord de la Vienne est fortement impacté. Cette année, nous allons vivre le double effet d’une baisse des volumes et d’une baisse des prix de vente car la production mondiale, elle, se porte plutôt bien. » La coopérative a donc été obligée d’activer sa « provision » mise de côté en cas de coup dur. 2,7M€ ont été redistribués aux adhérents en attendant que l’orage passe.

Innover contre la crise
Malgré le contexte, Terrena Poitou s’en sort toutefois pas trop mal. Pourquoi ? Selon Maximilien Rouer (notre photo), ses exploitants ont su réagir à « une crise conjoncturelle en se mettant dans une position d’innovation structurelle ». L’ingénieur agronome, secrétaire général de Terrena, a publié au printemps un livre résolument optimiste sur l’agriculture, en collaboration avec Hubert Garaud, le président de Terrena France qui regroupe 25 000 exploitants. Le titre de son ouvrage : « Les agriculteurs à la reconquête du monde : pourquoi le monde agricole va survivre et même nous sauver. »

L’auteur a également réalisé, en 2014, la plus vaste étude sur l’état et l’évolution du monde agricole. Nom de code : AgriFood 2030. De son expérience, il a tiré quelques enseignements. « On peut valoriser les produits en fixant des critères de qualité et de traçabilité. C’est par la qualité que nous sortirons l’agriculture de l’ornière. Une qualité accessible au quotidien pour chaque consommateur, avec moins d’intermédiaires, plus de traçabilité et qui garantit une juste rémunération aux producteurs. »

Label « Nouvelle agriculture »
Terrena Poitou a été l’une des premières à appliquer les préceptes de l’« agriculture écologiquement intensive ». Un label « Nouvelle agriculture » est même né de cette démarche. On peut trouver ces produits dans plusieurs magasins du réseau U à Poitiers.

Maximilien Rouer ne s’arrête pas là. Et si les 400 000 agriculteurs français étaient sur le point de nous sauver la vie ? Pour l’ingénieur, l’agriculture est le « seul secteur économique qui restocke le carbone et donc diminue le réchauffement climatique ». C’est le travail des plantes ! En résumé, « préserver les agriculteurs serait une question de survie ». Le message fait son chemin.

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