Tornade sur l'ex-Poitou-Charentes

La séance plénière du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine s’est tenue ce matin, avec en point central l'examen du rapport de la Chambre régionale des comptes sur les finances de Poitou-Charentes. Tandis que la majorité a appelé à regarder vers l’avenir, l’opposition a tiré à boulets rouges sur Ségolène Royal, Daniel Parizot et Jean-François Macaire, lequel n’aura finalement pas avancé ses arguments. Extraits.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

10h20 à l’Hôtel de Région de Bordeaux. Face à un hémicycle bondé, Alain Rousset ouvre la dernière séance plénière de l’année. Celle des orientations budgétaires, du premier bilan, mais surtout du règlement de comptes. Le point (presque) final de la chronique sulfureuse des dérives financières de l’ex-Poitou-Charentes. Ce matin, si tout le monde connaissait déjà le contenu du fameux rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC), dont certains extraits ont fuité dans la presse la semaine dernière, majorité comme opposition n’avaient pas l’intention de rester muet sur « l’affaire Poitou-Charentes ».

Après un prélude au cours duquel le président de Nouvelle-Aquitaine a présenté le nouveau logo de la Région, Andréa Brouille a détaillé les grandes lignes dudit document. Pour faire simple, fin 2015, Poitou-Charentes cumulait 140M€ d’emprunts risqués et 111M€ d’impayés, assortis d’une capacité de désendettement estimée à 19 ans. Virginie Calmels (LR) a eu la primeur du commentaire, dénonçant « une affaire de personnes au-delà d’une affaire budgétaire ». Sans rentrer dans le détail, Alain Rousset a laissé la parole aux élus, qui ont animé le débat deux heures durant.
 


"Chaque jour, on rasait gratis"

Le groupe FN a ouvert les hostilités, par le biais de son porte-parole Jean-Marc de Lacoste Lareymondie, pour qui le dossier Poitou-Charentes est « évidemment très loin d’une gestion prudente ». « Madame Royal a engagé la collectivité dans des choix politiques inconsidérés », reproche l’élu d’extrême-droite, qui s’interroge également sur « l’attitude des banques, bien peu soucieuses de l’identité des signataires ». Dans son viseur, l’ancien directeur des Finances, Daniel Parizot, qui ne disposait pas de la délégation de signature et dont le nom apparaît pourtant sur tous les contrats d’emprunts contractés depuis dix ans par l’ex-Région.
 


En spécialiste du grand spectacle, l’ancien champion olympique d’équitation Pierre Durand, désormais conseiller régional Les Républicains, s’est à son tour fendu d’un réquisitoire percutant, où l’ancienne gouvernance picot-charentaise en prend pour son grade. « Avec Poitou-Charentes, c’était simple. Chaque jour, on rasait gratis. » Pour le porte-parole du groupe LR, « il y a eu tromperie ». « Poitou-Charentes nous contamine d’une maladie financièrement transmissible ! »
 


Jean Dionis du Séjour a, lui, attaqué la ministre de l’Ecologie sur ses dernières sorties médiatiques. « Comme une ex-star de cinéma, Madame Royal nous fatigue, elle ne nous surprend plus. » Le chef de file des élus UDi trouve que « la CRC a fait preuve d’une bienveillance contestable » et reproche à l’ancien directeur des Finances, d’avoir « agi en dehors de toute rationalité ». L’élu UDI a finalement interpellé Alain Rousset, lui demandant de porter plainte contre Daniel Parizot. Ce à quoi le président de la Région a répondu : « Je serai attentif à ce que fera la CRC et son procureur. » De son côté, Joan Taris (Modem) a évoqué les « fautes de gestion, morales et peut-être pénales de Ségolène Royal » et s’est étonné du fait que « l’ex-préfète de Poitou-Charentes (Elisabeth Borne, ndlr) n’ait rien et soit désormais présidente de la RATP ».

"Je ne souhaite pas aller plus loin"

Du côté de la majorité, le propos a été plus mesuré, ce matin. Stéphane Delpeyrat (PS) a ainsi demandé à ce que « le travail de la CRC soit respecté en tous points ». Lionel Frel (EELV) a, pour sa part, insisté sur le fait que « les documents budgétaires ne devaient pas rester l’affaire des spécialistes, mais que chaque citoyen devait être en mesure de les comprendre ». Entretemps, Benoît Biteau (PRG) a prévenu que « tous les noms n’avaient pas été cités » et que « certaines personnes devraient donner des explications ». Et l’ancien conseiller régional de Poitou-Charentes d'ajouter qu'il avait « beaucoup aimé travailler avec Jean-François Macaire ».


Jusque-là très discret, le dernier président de Poitou-Charentes a alors pris la parole, dans un hémicycle muet comme une tombe. « La CRC a fait un travail approfondi, en toute impartialité. Je ne souhaite pas aller plus loin dans le développement. Ces données sont officielles. » L’élu poitevin n’aura finalement pas avancé les arguments qu’il avait prévu de dégainer. « Le climat n’était pas propice », reconnaîtra-t-il après la suspension de séance. Au regard des sifflets reçus par Maryline Simoné, lorsqu’elle a tenté de prendre la défense de Ségolène Royal, on ne le contredira pas. Ce matin, Jean-François Macaire était bien seul. Mais ne démissionnera pas, malgré les demandes répétées de l’opposition.

 

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