Saft tient bon la barre

Fin mars, le groupe Saft a annoncé avoir remporté un contrat important auprès de Rolls-Royce, qui développe les moteurs du nouveau navire polaire RSS Sir David Attenborough. Les batteries lithium-ion du système de propulsion hybride seront assemblées... à Poitiers !

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Dire que Saft est de nature discrète est un doux euphémisme. En 2015, le groupe faisait les gros titres, après le succès de la mission Rosetta, pour laquelle il a fourni les batteries du robot Philae. Le leader mondial des systèmes de stockage d’énergie de haute technologie est de nouveau sorti du bois début mars, après avoir remporté un contrat important auprès de Rolls-Royce. « Nous allons fournir des batteries lithium-ion, qui seront intégrées aux systèmes de propulsion hybrides du navire de recherche scientifique RSS Sir David Attenborough, explique Paul Gallot-Lavallée, directeur de la division Espace et Défense du site de Poitiers. Ce nouveau contrat s’inscrit dans une démarche globale de diversification de notre activité. »

Le navire RSS Sir David Attenborough, actuellement en construction sur le chantier naval de Cammell Laird, en Angleterre, sera mis en service en 2019, dans le cadre de missions de recherche scientifiques et océanographiques en Antarctique et dans l’Arctique. « L’intérêt d’avoir recours à des systèmes de propulsion hybrides est multiple, précise Yannick Borthomieu, chef de produits à la division Espace et Défense. L’association de moteurs diesel et électriques permettra une meilleure gestion des pics et réduira l’empreinte environnementale de 25%. Les approches seront par ailleurs plus silencieuses, donc plus respectueuses de la faune marine. Et le gain de puissance permettra de briser des couches de glace pouvant atteindre un mètre. »

« Sécuriser l'emploi »

Pour le groupe Saft, ce contrat représente bien plus qu’un simple (gros) chèque. Pour compenser la baisse de son activité sur le marché des torpilles, la division Espace et Défense de Poitiers cherche de nouveaux relais de croissance. « La marine civile est un très gros marché sur lequel nous nous insérons progressivement, reprend Paul Gallot-Lavallée. Sur le long terme, les armateurs équiperont de plus en plus leurs navires avec des systèmes hybrides. Sur ce point, les pays nordiques sont très en avance, puisqu’ils utilisent depuis plusieurs années des ferrys hybrides dans leurs fjords. » Fort de son savoir-faire et de sa réputation dans les secteurs de l’armement, du spatial, du transport et de l’électronique civile, Saft dispose de sérieux arguments. « Partout dans le monde, Saft est associé à « performance ». Nos clients recherchent avant tout de la fiabilité. Nous leur garantissons. »

Ce nouvel élan se présente comme une formidable opportunité pour le groupe aux quelque 4 100 collaborateurs, qui génère un chiffre d’affaires global de 738M€. En local, le contrat Rolls-Royce permet de « consolider l’emploi du site de Nersac, en Charente, où les accumulateurs et modules sont fabriqués », précise Yannick Borthomieu. Mais aussi de conforter l’activité du site poitevin (550 emplois), où les fameux systèmes hybrides sont assemblés. Pour rappel, le rachat de Saft par Total avait levé de nombreuses interrogations l’an passé. « Le business plan est resté inchangé, tranche Paul Gallot-Lavallée. Aucun emploi n’est menacé à Poitiers. »

À lire aussi ...