Législatives, suspense <br>à tous les étages

Les élections législatives auront lieu les 11 et 18 juin prochains. L’accession d’Emmanuel Macron à l’Elysée rebat les cartes dans les quatre circonscriptions de la Vienne. 

Arnault Varanne

Le7.info

Ses oreilles sifflent depuis quinze jours et son soutien affiché à Sacha Houlié, candidat de La République en Marche sur la 2e circonscription de la Vienne, plutôt qu’à Patricia Persico, investie par le PS. La députée sortante Catherine Coutelle reste « socialiste », mais estime qu’il faut « donner la chance au président Macron  de réussir ». « C’est un choix personnel, pour quelqu’un de jeune, que j’estime être le meilleur candidat. Contrairement à d’autres qui le prétendent, lui m’a vraiment aidé pendant ma campagne de 2007… Et puis, ce n’est pas moi qui ai trahi mon parti, c’est Benoît Hamon. L’attitude des frondeurs a été scandaleuse ! » Les mots sont forts et ne lassent de provoquer des remous chez les sympathisants de gauche. 

Sur cette 2e circonscription, Olivier Chartier (LR-UDI) espère bien tirer profit de cette division pour effacer son échec de 2012. Mais à droite, la dissidente filloniste Dolorès Prost rêve de lui barrer la route du Palais Bourbon. Dans une moindre mesure, Frédéric Abrachkoff (France Insoumise), Christian Michot (PCF), Yoann Magneron (Avenir collectif) et le candidat du Front national Pascal Bordin joueront les arbitres. Quoi qu’il en soit, une triangulaire est probable. 

Massonneau fidèle, Clément En Marche

Sur la 1re circonscription de la Vienne, celle d’Alain Claeys pendant vingt ans, la situation paraît aussi indécise. Resté fidèle au PS, qui l’a investi à l’issue d’une primaire rocambolesque, Xavier Moinier a désigné Jacqueline Daigre (LR-UDI) comme « sa principale concurrente ». L’élue d’opposition poitevine a déjà deux campagnes législatives à son actif. A contrario, Jacques Savatier (République en Marche) fait figure de novice à ce niveau d’engagement politique. Plus jeune élu de l’agglo sous l’ère Santrot -à Montamisé-, le sexagénaire profitera-t-il de la vague macroniste ? Au premier tour de la Présidentielle, le nouveau Président de la République a réalisé 27,31%, devant Jean-Luc Mélenchon (22,49%). Cécile Cuvillier (France Insoumise) compte bien capitaliser sur cette performance. Quant au FN, représenté par Arnaud Fage, il pèsera moins que dans les troisième et quatrième circonscriptions. 

Justement, au sud au nord du département, les députés sortants Jean-Michel Clément et Véronique Massonneau ont été confrontés au même dilemme. Au final, Clément briguera un troisième mandat sous l’étiquette La République en Marche, tandis que l’écologiste a choisi de concourir sous la bannière PS « par fidélité ». Elle aura face à elle Anne-Florence Bourat (LR-UDI), mais surtout Alain Verdin, le patron du FN dans le département. Lequel Front national a réalisé 26,94% au premier tour des Présidentielles. Comme sur la « 2 », le risque de triangulaire existe. Idem sur la « 3e », où Enguerrand Delannoy (LR-UDI), le maire de Chauvigny Gérard Herbert (divers droite) et le Front National de Delphine Jumeau (22,71% au premier tour des Présidentielles) veulent, eux aussi, profiter de la recomposition politique en cours. 

Retrouvez la présentation des candidats des quatre circonscriptions sur 7apoitiers.fr
 

Recomposition
Les Législatives de juin prochain constitueront bel et bien le troisième tour de la Présidentielle. Dans la Vienne comme ailleurs, l’onde de choc du 7 mai bouscule l’ordre établi depuis trente ans. Ici aussi, le Parti socialiste se divise, Les Républicains sont hébétés, les communistes et Insoumis tirent à hue et à dia, le Front national pèse sans leader charismatique. Quant à La République en Marche, le mouvement découvre les subtils équilibres à respecter en termes de sensibilité politique. La ligne de crête qu’a choisi d’emprunter Emmanuel Macron requiert des talents de marcheur hors pair ! Alors, bien difficile aujourd’hui de dessiner les visages des futurs député(e)s du Poitou au soir du 18 juin. Non-cumul des mandats oblige, on peut cependant parier sur un large renouvellement, un rajeunissement à l’avenant et un Palais Bourbon ouvert sur la société civile. Ce nouveau souffle constituera-t-il une respiration suffisante pour une Ve République un brin ankylosée ? Un peu de patience ! 

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