Le diesel a du plomb dans l’aile

En France, plus d’un véhicule vendu sur deux est désormais équipé d’un moteur essence. Cette nouvelle donne pousse les acteurs de l’automobile à s’adapter. Mais pas question d’enterrer le diesel prématurément.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

L’âge d’or du diesel est bel et bien révolu. En 2008, 77% des voitures vendues roulaient au gazole. Près d’une décennie plus tard, l’essence devient leader sur le marché. « La part du diesel s’est établie à 47,7% sur les cinq premiers mois de l’année, contre 52,1% pendant toute l’année 2016, relève le Comité des constructeurs français d’automobile. L’essence a, quant à elle, conquis 51,1% des acheteurs depuis janvier. » Plusieurs éléments permettent d’expliquer ce revirement de situation, à commencer par le changement de comportement des automobilistes. « Les Français roulant moins de 20 000 km par an privilégient désormais l’essence, parce que les tarifs sont plus compétitifs, explique Alain Briand, gérant de l’agence BH Car Poitiers. Sur le marché de l’occasion, le diesel reste toutefois en tête des ventes. Il faudra attendre deux ou trois ans pour que la tendance s’inverse. »

Le scandale Volkswagen, révélé en 2015, n’est certainement pas étranger à la perte de parts de marché. « Quand j’ai appris ça, je me suis juré de ne plus acheter de diesel, lâche Louis Renard, un acheteur poitevin croisé à la concession Sacoa des Nations. Volkswagen n’est certainement pas le seul à tricher. Le gazole est fini, place aux technologies hybrides et électriques ! » Sur ce point, l’engouement pour les énergies renouvelables est encore contenue. Depuis janvier, seuls 1,2% des acheteurs se sont tournés vers l’électrique.

« Un effet boule de neige »

Du côté des concessionnaires, on ne semble pas s’inquiéter outre mesure de cette nouvelle donne. « À Poitiers, nous ne sommes que moyennement concernés, note Mélanie Brahmi, directrice de la concession Ital’Auto 86. L’essence gagne du terrain progressivement, mais nous avons le temps de nous adapter. Dans les grosses agglomérations, et surtout à Paris, les ventes de diesel s’effondrent parce que les automobilistes craignent de ne plus pouvoir circuler dans les centres-villes. » Pour David Péchebrin, « le diesel est victime d’un effet boule de neige ». « De plus en plus de clients s’inquiètent de l’impact environnemental de leur véhicule, parce qu’ils se fient beaucoup à ce qui est relayé par les médias », note le gérant de la société de courtage automobile Cara.

Reste que, sur ce point, les avis divergent. L’an passé, le « 7 » a démêlé le vrai du faux concernant le gazole. « La quantité de CO2 émise est proportionnelle à la consommation du véhicule, précisait alors Pascal Martin, responsable banc moteur recherche à l’IUT de Poitiers. Or, les voitures diesel consomment généralement moins, donc elles n’émettent pas plus de dioxyde de carbone. » Plus polluant ou pas, le diesel ne convainc plus.

 

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