D’un monument à l’autre

Philippe Massol. 51 ans. Directeur de la Cité du vin de Bordeaux. Ancien cadre du Futuroscope, le diplômé de Sup de co Poitiers fait partie de la génération Monory, élevée en mode projets. Signe particulier : rêve d’ouvrir un hôtel sur une île paradisiaque. Puis se réveille…

Arnault Varanne

Le7.info

Il n’avait pas remis les pieds dans le parc qui lui a mis le… pied à l’étrier depuis belle lurette. Derrière la façade « qui n’a pas beaucoup changé », Philippe Massol a découvert un nouveau Futuroscope ou presque, lui qui l’a quitté en 2000, « sur un désaccord avec le nouvel actionnaire (Amaury, ndlr) ». De sa hauteur -il mesure près d’1,90m-, l’ancien cadre maison pendant onze ans admire le chemin parcouru. Le rebond qui a suivi la chute. Et de son « extraordinaire aventure » dans ce « Monoryland », le fils de médecin et de dentiste retient un mot : la confiance. 

« Quand j’ai postulé ici pour devenir responsable des boutiques, après une première expérience au sein du groupe d’acier British Steel, je n’avais pas le profil. Mais René Monory m’a recruté et m’a accordé sa confiance, comme à d’autres d’ailleurs. Ça m’a marqué dans ma vie d’après… » Philippe Massol parle aujourd’hui avec l’assurance de ceux qui savent, mais sans jouer les donneurs de leçons. C’est que le directeur de la Cité du vin de Bordeaux, dernier joyau de la métropole aquitaine, a « beaucoup de mal à accepter d’être fier de ce qu’il fait ». Son parcours, fait de rencontres et d’une vraie capacité de leadership, mérite pourtant une mise en lumière. 

La belle histoire

Après la longue parenthèse du Futuroscope, l’épicurien a ainsi lancé sa propre agence de consulting et d’ingénierie de projets. Son nom : BMR & associés, comme Brunelière (Denis), Massol (Philippe) et Rivière (Philippe). Les trois anciens cadres du parc de loisirs de la Vienne ont cheminé ensemble quelques années, avant que les sirènes bordelaises ne retentissent. « A l’époque, mon épouse Agnès a eu l’opportunité de rejoindre la direction marketing d’une grande banque. » La suite relève du storytelling. « Sans carnet d’adresses », l’intéressé feuillette L’Express, qui consacre un dossier aux «50 personnalités qui comptent à Bordeaux». Le profil de Sylvie Cazes, propriétaire de plusieurs châteaux, l’interpelle. Il la contacte et cette proche d’Alain Juppé le rappelle le lendemain. Un premier rendez-vous se noue sur une forme d’incompréhension. « Elle me dit : « Vous venez me voir pour le centre culturel du vin ? » Je lui réponds « Pas du tout ! » Et là, elle me demande si ça m’intéresse… » Ni une ni deux, le Poitevin embarque dans le train d’une aventure longue d’un septennat. Avec le maire de Bordeaux en guise de catalyseur. Philippe Massol a senti très tôt « une forte volonté » d’aboutir à ce projet d’exception. Comme René Monory vingt ans plus tôt. 

« En quête perpétuelle d’équilibre »

Un an après son ouverture, la Cité du vin a déjà attiré plus de 400 000 visiteurs, dont 30% d’étrangers. Un chiffre qui va au-delà des espérances initiales et provoque, chez Monsieur le directeur général,  une vraie satisfaction. D’autant que le vin le fait voyager, d’Hong-Kong à New-York, une ville qu’il « adore ». Mais s’il aime parcourir le monde, le Néo-Aquitain refuse de s’éloigner trop longtemps de sa tribu. « Trois-quatre jours, pas plus ! », reconnaît cet amateur de château Haut-Brion blanc et de château Marjosse (*). Sa famille, Philippe la couve jalousement comme un trésor. Sa fille aînée travaille chez un traiteur, la seconde est à l’école supérieure de commerce de Bordeaux, tandis que son fils termine sa 2de. En « quête perpétuelle d’équilibre », le quinqua s’accorde aussi quelques échappatoires. Tennisman de bon niveau (15/3), il consacre désormais un peu de son temps libre à la Villaprimrose, un club centenaire. Le deviendra-t-il ? « Je suis quelqu’un qui appréhende pas mal la maladie, la mort, le temps qui passe, alors je ne me projette pas trop. Et puis, je n’ai que 51 ans ! », répond-il d’une pirouette. 

Parfois, il rêve d’ouvrir « un hôtel sur une plage d’un endroit paradisiaque ». Sa femme le ramène toujours à la réalité. N’empêche, il continue d’être sensible « aux ambiances, à la beauté des lieux, aux panoramas ». De là à tout sacrifier, il y a un pas. 

(*) Propriété de Pierre Lurton, également producteur des châteaux Yquem et Cheval Blanc. 

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