Retour aux sources

Pierre Bonnin. 26 ans. Poitevin pur souche. Exilé pendant trois ans à Sydney, pour la passion du hand. De retour sur ses terres, avec une expérience de vie unique dans ses bagages.

Arnault Varanne

Le7.info

Sur son bras gauche, il s’est fait tatouer la mention « Les copains d’abord ». Les copains, Pierre Bonnin les a eus loin des yeux, mais jamais loin du cœur, ces dernières années. Le colosse d’1,95m, formé au pôle espoirs de Poitiers, avait déjà choisi l’exil après sa dernière saison sous les couleurs du PEC-JC, en Nationale 2. Direction le centre de formation de Nîmes, avec quelques bouts de matchs en D1, Vernouillet (N1), et enfin Thau-Frontignan (N2) dans le Sud. Et puis, il y eut ce facteur déclencheur... « J’en avais un peu marre de la France et j’avais renoncé à être professionnel, lorsque j’ai eu connaissance du fait que Sydney recherchait un joueur ayant mon profil… »

Ni une ni deux, sans parler anglais et sans aucune garantie de dénicher un job, Pierre embarque direction l’Australie. Avec une échéance alléchante en ligne de mire : la coupe du monde des clubs -ou Super globe-, face aux meilleures escouades des cinq continents. « Là-bas, je connaissais un ou deux joueurs et je savais qu’un autre cadre de vie m’attendait. » Un autre cadre, mais pas de stabilité garantie, le hand étant considéré comme un sport mineur en Océanie. « En fait, le club est totalement amateur. On paye tous nos déplacements », témoigne le Poitevin. Y compris les tournois à Brisbane ou Melbourne, deux autres mégalopoles distantes de plusieurs centaines de kilomètres.

« Forgé en tant qu’homme »

Ce titulaire d’un BTS Négociations relations clients a donc dû se démener pour vivre à côté de sa passion. Heureusement, la mentalité des Aussies se rapproche de celle des Anglo-Saxons. Pierre a donc « enchaîné les boulots dans la construction ». Démolition, maçonnerie. Dans le chantier à ciel ouvert qu’est Sydney, il s’est adapté à la perfection. « Je n’ai jamais eu besoin de réaliser un CV et j’ai même donné une dizaine de boulots à des amis qui venaient d’arriver, ne parlaient pas forcément anglais. Ça m’a forgé en tant qu’homme, moi qui n’avais jamais touché un marteau de ma vie ! »

Las… Son quotidien « loin de ses proches et de ses repères » fut loin d’être rose et uniquement gorgé de soleil austral. « Des coups de blues, j’en ai eu quelques-uns, que j’ai surmontés. Avec le temps, les amis deviennent votre famille. On s’entraide entre étrangers parce qu’on est loin de nos bases. » Trois ans et trois mois après avoir largué les amarres, Pierre Bonnin a cependant décidé de renouer avec l’Hexagone. « Des problèmes de visa » et quelques difficultés à « vraiment s’insérer dans la société australienne » auront eu raison de son aventure.

« On est bien lotis en France »

Ce qui ne l’empêchera pas de disputer un dernier Super globe avec Sydney university, du 25 au 28 août, à Doha, au Qatar. « Je partirai dix jours avant en stage en Pologne pour m’entraîner avec l’équipe et disputer quelques matchs amicaux. » Le « deal » avec le Grand Poitiers hand 86, son nouveau club, était clair depuis le départ. En Nationale 3, le pivot ne devrait pas rencontrer trop de difficultés, après s’être coltiné le gratin mondial de la discipline. Mais son meilleur souvenir restera sans doute l’affrontement avec le FC Barcelone, en 2014. « A la 20e minute, nous étions à égalité 11-11. Et même si nous avons fini par lâcher (20-30), ce match m’aura marqué. Quatre coupes du monde, deux matchs face au Barca, un autre contre Veszprèm… En restant en France, je n’aurais jamais eu la chance de vivre de telles émotions ! »

Le retour aux sources de l’enfant du pays est d’autant plus savoureux qu’il lui ouvre de nouveaux horizons. Et un recul sur la vie sous nos contrées. « Quand on part, on réalise qu’on est bien lotis en France. » Parole d’expatrié. A méditer.

 

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