La maison de tous les dangers

Chutes, noyades, suffocations... Chaque année, les « accidents de la vie courante » font plus de morts que les collisions sur la route. Le décès de l’ex-ministre Nicole Bricq, cet été à Poitiers, a remis en lumière ce drame domestique.

Romain Mudrak

Le7.info

Dimanche 6 août. Nicole Bricq, l’ex-ministre de François Hollande en charge du Commerce extérieur, se trouve sur son lieu de vacances quand elle chute dans son escalier. Transportée en urgences au CHU de Poitiers, elle y décède rapidement à l’âge 70 ans. Cet accident fait écho à un autre drame qui a touché, quelques semaines plus tôt, un chef d’entreprise poitevin bien connu. Mais surtout, il révèle une réalité souvent oubliée : les accidents de la vie courante constituent la troisième cause de mortalité en France, derrière le cancer et les maladies cardiovasculaires.

Rien que les chutes provoquent la mort de 9 400 personnes par an. Soit 26 par jour. Si on y ajoute les suffocations, noyades et autres intoxications, ce sont pas moins de 20 000 victimes qui perdent la vie chaque année à la suite d’un « accident de la vie courante », selon une édition du Bulletin épidémiologique hebdomadaire, publiée en janvier dernier. Les jeunes enfants et les personnes âgées sont les plus concernés. Mais personne n’est épargné. A titre de comparaison, 3 500 personnes sont dé- cédées sur les routes de France en 2016. Au cœur de toutes les attentions des pouvoirs publics, la mortalité routière a été divisée par deux depuis 2000, tandis que le nombre d’accidents domestiques ne parvient pas à être endigué.

La "Maison Tourisk"
Faute de grande cause natio- nale, les initiatives sont laissées aux acteurs locaux. On se souvient de la vidéo postée en décembre, par les pompiers de la Vienne, mettant en scène les règles de sécurité à respecter au moment d’installer le sapin de Noël... Au-delà de cette action ponctuelle, une association unique en France a fait de la prévention des risques domestiques sa spécialité. Créée à Niort il y a vingt ans, sous l’impulsion de collectivités locales et de mutuelles, Calyxis fédère une équipe de douze professionnels aux compétences variées (épidémiologiste, statisticien, chercheur, ergonome...), dont l’objectif consiste à « diminuer la vulnérabilité de l’individu face aux dangers de son quotidien ».

Ces experts reconstituent des pièces de la maison afin de simuler des dangers et comprendre la réaction des volontaires confrontés à ces situations. « Des industriels nous sollicitent avant de mettre un nouveau produit sur le marché », assure Chantal Delas, en charge des certifications. Calyxis teste d’ailleurs de nom- breux objets pour le compte de l’Afnor. L’association mène des ateliers de prévention toute l’année avec l’aide de la « maison tourisk », un ensemble de meubles géants qui reproduit l’intérieur d’un foyer vu par un enfant. L’« observatoire Mavie » analyse également les accidents de la vie courante à partir des récits de 26 000 volontaires. L’idée ? Trouver des moyens de s’en prémunir. Pour y participer, rendez-vous sur observatoire-mavie.com.

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