TER : Poitou-Charentes encore perdant

Depuis le 1er septembre, les tarifs des abonnements TER ont été harmonisés en Nouvelle-Aquitaine. Cette nouvelle donne pénalise directement les usagers picto-charentais, qui perdent les bénéfices du Pass’Mobilité. Les abonnements coûtent désormais jusqu’à trois fois plus cher...

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

82,60€. Cette somme, Emmanuel Renaud devra désormais l’enlever de son budget mensuel pour payer son abonnement de train. L’usager quotidien du TER Poitiers-La Rochelle vient d’apprendre que le tarif mensuel de sa ligne passait de 80€... à 245,20€. Soit une augmentation de 306%. « C’est tout bonnement honteux, déplore-t-il. L’an dernier, grâce au Pass’Mobilité, mon abonnement me coûtait 40€ car la moitié était prise en charge par mon employeur. Maintenant, je débourse 122,60€ ! Les usagers ne vont pas se laisser faire. »

Vendredi dernier, la Région Nouvelle-Aquitaine et la SNCF ont harmonisé l’ensemble des tarifs des abonnements TER du territoire. Prévu depuis le vote d’une délibération par le Conseil régional, le 26 juin dernier, ce changement n’est pas sans conséquences pour les Picto-Charentais qui utilisent le train pour leurs trajets domicile-travail. Les lignes principales au départ ou à destination de Poitiers voient leur prix exploser. L’abonnement mensuel Poitiers-Châtellerault coûte désormais 71,80€, le Poitiers-Niort 149,40€, le Poitiers-Angoulême 202,80€ et le Poitiers-La Rochelle 245,20€. La moitié du prix peut toutefois être prise en charge par l’employeur. Auparavant, le Pass’Mobilité « plafonnait » tous les abonnements en Poitou-Charentes à 80€.

« Le train moins cher que la voiture »

Pour justifier la hausse des tarifs en Poitou-Charentes, la Région évoque « des choix guidés par des problématiques budgétaires ». « Nous avions deux solutions, étendre le Pass’Mobilité au reste de la région, ce qui aurait été trop coûteux, ou le supprimer, explique Renaud Lagrave, vice-président de la Région en charge des Infrastructures, des Transports et des Mobilités. Notre territoire compte 16 500 abonnés TER, dont 12 000 Aquitains, 1 400 Limousins et 1 800 Picto-Charentais, parmi lesquels 1 300 étaient détenteurs du Pass. Soit 8% des abonnés de Nouvelle-Aquitaine. Nous avons fait au mieux. »

Au moment de présenter la délibération au Conseil régional, le 26 juin dernier, Renaud Lagrave a précisé que l’impact serait nul pour les Limousins, que les Aquitains économiseraient jusqu’à 26€ par mois pour les trajets de 75 à 130km et que l’impact de la suppression du Pass’Mobilité entraînerait un surcoût moyen de 35€ par mois pour les Picto-Charentais. Soit 470€ par an. Pour Benoît Groussin, « l’harmonisation pénalise une nouvelle fois Poitou-Charentes ». Le délégué départemental de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports Nouvelle-Aquitaine assure par ailleurs que, contrairement à ce qui est dit, « pratiquement tous les usagers du TER en Nouvelle-Aquitaine verront leur contribution augmenter ».

De son côté, Renaud Lagrave promet « deux mois offerts aux abonnés annuels » et certifie que « le train reste moins cher que la voiture ». Rappelons que le prix payé par l’usager correspond à seulement 30% du coût réel d’un trajet, les 70% restants étant pris en charge par la Région. Suffisant pour éviter une montée au créneau des abonnés picto-charentais dans les prochaines semaines ? Rien n’est moins sûr.

 

Région Centre : des abonnés bichonnés

Chez nos voisins du Nord, la réforme territoriale n’a pas eu de conséquences sur les tarifs des abonnements de train, puisqu’il n’y a pas eu de fusion de régions. Grâce à l’aide Mobillico Centre, les usagers effectuant des trajets domicile-travail intra ou interrégionaux dépensent au maximum... 90€ par mois. « Cette aide est très avantageuse, surtout pour les abonnés du TGV Tours-Paris, qui économisent plusieurs centaines d’euros chaque mois », note Olivier Sciara, président de l’Association des usagers TGV de la Vienne. Dans les faits, l’abonné paie son abonnement au tarif normal et se fait rembourser la moitié par son employeur, avant que la Région ne lui adresse le complément pour arriver au coût résiduel de 90€. La bonne affaire.

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