Entreprises cherchent salariés désespérément

Alors que plus de 3,2 millions de Français pointent à Pôle Emploi, le nombre d’offres non pourvues établit des records. Industrie, hôtellerie-restauration, bâtiment, services à la personne… Plusieurs secteurs tirent la sonnette d’alarme. Illustration dans la Vienne.

Arnault Varanne

Le7.info

« Oui, les offres non pourvues existent, mais elles ne représentent pas une majorité. Attention à ne pas avoir une vision déformée de la réalité… » De son poste d’observation, David Vialat se montre réservé sur l’idée selon laquelle de nombreux postes resteraient vacants. « Sur l’ensemble de l’année 2016, 89,8% (11 440, ndlr) des offres passées par Pôle Emploi ont été satisfaites dans la Vienne, observe le directeur départemental du service public. Sur les 1 248 restantes, certaines n’ont pas trouvé de candidats, mais il y a aussi des postes pourvus en interne et des abandons de recrutement. Au final, moins de 5% du volume est imputable à l’absence de candidats… »

Sur le terrain, pourtant, le discours des dirigeants et branches professionnelles se révèle très différent. « Dans l’industrie, témoigne Philippe Jehanno, président de l’UIMM Vienne, ce sont 100 000 postes qui restent à pourvoir au niveau national. Le grand public a encore une image du secteur à la Zola, alors que les salaires y sont supérieurs (+12 à 13% à compétences équivalentes) et que l’industrie concentre 77% de la R&D. » « Notre principal problème, c’est l’image, reconnaît Johan Exertier, directeur de l’usine Schneider Electric de Chasseneuil. A titre d’exemple, nous avons eu beaucoup de mal à recruter un agent de maîtrise. »

« Un rapprochement avec les lycées »

Les soudeurs, chaudronniers et autres usineurs sur machines conventionnelles sont carrément devenus des perles rares. Dans les services à la personne, l’hôtellerie-restauration, l’agriculture, l’informatique -les développeurs s’arrachent à prix d’or- voire le bâtiment, le constat se révèle identique. Un problème d’orientation ? D’attractivité ? De formation ?... Le GEIQ (*) BTP Poitou-Charentes en est réduit à distribuer des flyers sur les marchés et à draguer les futurs salariés du bâtiment sur Le Bon coin. « Globalement, une quinzaine d’offres de contrats de professionnalisation ne sont pas pourvues faute de candidats, déplore Yoann Cottraud, directeur de la structure. Dommage car celles et ceux qui vont au-delà des représentations classiques (pénibilité…) s’insèrent sans difficulté. « Nous sommes à moins de 20% de ruptures de contrats, ajoute Yoann Cottraud. A titre personnel, je crois beaucoup au rapprochement avec les lycées. »

« Donner du sens »

Les lycées ? Le Greta Poitou-Charentes les fréquente assidument, eu égard à son lien particulier avec l’Education nationale. Et Corinne Gillet, chargée de communication de l’organisme de formation, n’hésite pas à dire qu’il existe « un poids culturel véhiculé par les familles concernant certains secteurs à éviter ». « Ce poids est primordial dans l’orientation. » Comme l’Afpa, le Greta « se bat » pour remplir quelques sessions de formation. Au grand dam des employeurs. Dans la dernière enquête des Besoins en main-d’œuvre réalisée par Pôle Emploi, 40% des entreprises estiment que leurs recrutements seront « difficiles » à réaliser. Alors, quelles solutions ? « S’agissant des plus jeunes, le CDI n’est plus forcément le Graal, observe Marie-Axelle Di Masso, responsable de Schneider-Chasseneuil. Ce qu’ils veulent, c’est un vrai projet, donner du sens à leur quotidien dans l’entreprise. » A bon entendeur… 

(*) Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification. 

À lire aussi ...