L’autoroute de la discorde

Depuis de longs mois, le trafic sur le tronçon d’autoroute entre Poitiers-Sud et Tours est régulièrement perturbé par des travaux. Une situation agaçante pour les usagers, qui subiront jusqu’en 2019 le chantier de minéralisation du terre-plein central, puis l’éventuel projet de triplement des voies.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

25 minutes. C’est le temps qu’il nous a fallu, la semaine dernière, pour parcourir la vingtaine de kilomètres séparant les péages de Poitiers-Sud et du Futuroscope. Soit dix minutes de plus qu’en conditions normales de circulation. Depuis plusieurs mois, le trafic sur l’A10 est régulièrement perturbé. Les zones de ralentissement sont fréquemment déplacées et engendrent des bouchons aux heures de pointe. Il faut dire qu’avec 33 635 véhicules par jour, dont environ 20% de poids lourds, le tronçon Poitiers-Sud-Tours fait partie des plus empruntés du réseau Vinci Autoroutes.

Afin de « s’adapter aux évolutions du trafic » et « d’améliorer les conditions de circulation », le concessionnaire de la voie rapide a engagé 61M€ dans son projet de « minéralisation » du terre-plein central. Entamés cette année entre Sainte-Maure-de-Touraine et Poitiers-Sud, les travaux devraient durer jusqu’en 2019. « La sécurité des usagers est notre priorité, explique Sylvie Marty, responsable de la communication de Vinci Autoroutes. Le remplacement de la glissière de sécurité par un terre-plein en béton permettra d’éviter que des poids lourds ne franchissent les voies en cas d’accident. Pour limiter la durée des travaux, nous avons choisi de mettre en place deux à trois zones de chantier simultanément sur le tronçon. » Pour chaque zone de chantier, comptez trois mois de ralentissement.

Pas de réduction des tarifs

A la barrière de péage de Châtellerault, les usagers de l’A10 pestent contre le concessionnaire. « C’est du grand n’importe quoi, on nous prend pour des vaches à lait, relève Sandrine Quesme, salariée dans la sous-préfecture de la Vienne et habitante de Jaunay-Marigny. J’emprunte l’autoroute matin et soir et débourse 1,50€ à chaque passage au péage pour, au final, perdre du temps. A partir de la semaine prochaine, je prendrai la D910. » Vinci Autoroutes, pour sa part, balaie la question des tarifs d’un revers de manche. « L’argent récolté au péage nous permet d’entretenir le réseau autoroutier, reprend Sylvie Marty. Notre objectif est de garantir la continuité de la circulation, quoi qu’il arrive. Ce qui est le cas. Aucune réduction ne sera mise en place pendant les travaux. » Que l’on roule à 130, 110, 90 ou 70km/h sur l’A10, le tarif reste donc identique.

Pour apaiser les tensions, Sylvie Marty souligne la « complexité de l’organisation du chantier ». « Nos équipes font leur maximum pour limiter les perturbations de trafic. Les travaux sur les portions passant au-dessus de routes départementales et ceux au niveau des échangeurs demandent plus de temps. » Un seul mot d’ordre, donc, prenez votre mal en patience. Dans deux ans, le terre-plein central devrait être bétonné sur l’ensemble du tronçon. D’ici là, le projet d’aménagement à 2x3 voies aura été reconnu, ou non, d’utilité publique. Auquel cas de nouveaux travaux, bien plus impactants, débuteront. Sur l’autoroute de la discorde, un chantier peut en cacher un autre.

À lire aussi ...