Ils ont adopté un château

Fin décembre, plusieurs milliers d’internautes se sont mobilisés pour racheter le château de la Mothe-Chandeniers, aux Trois-Moutiers. Grâce à leur action, l’édifice va retrouver une seconde jeunesse. Ailleurs dans la Vienne, de nombreux anonymes font, eux aussi, revivre le patrimoine local.

Florie Doublet

Le7.info

Ils l’ont fait ! Le 25 décembre, près de 25 000 internautes de 115 pays sont devenus copropriétaires du château de la Mothe-Chandeniers, près des Trois-Moutiers. En moins de trois mois, les contributeurs de la campagne de financement lancée par la plateforme Dartagnans et le réseau « Adopte un château »(*) ont réuni plus d’1,6M€ pour restaurer cette superbe demeure romantique.

Tous partagent la même volonté de sauver un patrimoine fragile, avant que celui-ci ne tombe en ruine… et dans l’oubli. Parmi ces généreux donateurs, on trouve un certain Nicolas Turquois. Le député de la 4e circonscription de la Vienne se félicite du « formidable coup de projecteur » sur cet édifice. « En tant qu’élu du secteur, je suis dans mon rôle en participant à ce projet, explique-t-il. J’y trouve également un intérêt personnel. Ce monument fait partie des images de mon enfance. Je me souviens des balades en famille près de ce château mystérieux, recouvert de végétation… J’y suis attaché. »

Un aimant à touristes

La Mothe-Chandeniers n’est, finalement, qu’un exemple médiatique parmi tant d’autres. Des monuments à « adopter », il en existe des centaines en France. Châteaux, manoirs, donjons, églises… Ils reprennent vie grâce à de simples anonymes. Par amour du patrimoine, mais pas seulement. Ces édifices sont également un excellent moyen d’attirer les touristes.

Originaires de Normandie, Murielle et Christophe Bouvier ont jeté leur dévolu sur le château de Dissay pour y créer un hôtel 5 étoiles. « Nous recherchions un lieu au cadre exceptionnel pour donner vie à notre projet d’hébergement, explique le propriétaire. À ma connaissance, trente-trois chambres au coeur d’un château classé, cela n’existe pas ailleurs. » Dans quelques mois -idéalement en juin-, les premiers clients pourront bénéficier des prestations de luxe de l’établissement, ancienne demeure de Pierre d’Amboise, évêque de Poitiers.

Onéreuse vie de château

Passionnée d’histoire, Jean-Denis Touzot a, lui, racheté la basilique Saint-Joseph, à Marçay. Ce libraire parisien souhaite y créer un « centre culturel » afin de valoriser son métier. « Nous sommes à l’ère du numérique, affirme-t-il. Les livres sont frappés d’obsolescence, je veux leur offrir un magnifique écrin. » Les premiers visiteurs ont déjà pu profiter de ce bijoux architectural encore en chantier, mais de nombreux événements restent à venir. Comme un salon des santons de Provence dès la fin d’année.

La vie de château nécessite néanmoins de lourds investissements en temps et en argent. « Vu de l’extérieur, ça ressemble à un conte de fée, résume Laure Brunet, gérante de Lor’Event et propriétaire du château de la Mothe en Poitou, à Ligugé. Mais la rénovation et l’entretien demandent énormément de frais, ce n’est pas toujours facile. »

De leur côté, Michel et Noémi Guyot, qui ont repris l’abbaye de la Réau, à Saint-Martin-l’Ars, ont coutume de dire qu’avec un billet d’entrée, ils peuvent acheter trois ardoises. Pour autant, tous ces amoureux de vieilles pierres ne regrettent rien. Rares sont ceux qui peuvent se targuer de faire (re)vivre l’Histoire.

(*) Avec le soutien de l’association des Amis de la Mothe-Chandeniers.

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