Bioéthique : un nouveau monde à imaginer

Débutés mi-janvier, les Etats généraux de la bioéthique visent à recueillir l’avis des Français, avant la révision de la loi prévue en fin d’année. Dans la Vienne, comme partout ailleurs, de nombreux débats de fond sont prévus pour faire la lumière sur des sujets complexes.

Florie Doublet

Le7.info

« Quel monde voulons-nous pour demain ? » Cette question est au centre des Etats généraux de la bioéthique, lancés en janvier dernier (lire encadré). L’enjeu de cette vaste concertation est de « recueillir de la façon la plus objective possible l’ensemble des avis de la société » sur plusieurs grandes thématiques telles que la procréation, les neurosciences, la médecine prédictive…

Cette série de rencontres et de conférences précède la révision de la loi de bioéthique, dont la dernière mouture date de 2011. A Poitiers, l’espace de réflexion éthique a établi un calendrier d’événements(*), dont certains sont réservés aux lycées et étudiants. « Les sujets de bioéthique concernent absolument tout le monde et il ne faudrait pas oublier la jeunesse, rappelle le Roger Gil, directeur de l’espace de réflexion éthique Nouvelle-Aquitaine. Les citoyens sont capables de penser. Le principal enjeu reste de les informer de la manière la plus exhaustive possible, pour qu’ils puissent mener leur propre réflexion et se forger une opinion. »

« Le respect de la dignité humaine »

Des opinions forcément contradictoires puisque les sujets abordés s’avèrent très clivants. Sur la procréation, par exemple, il ne s’agit pas seulement d’autoriser ou non les couples de femmes à bénéficier d’une procréation médicalement assistée. Il faut également déterminer si l’assurance maladie doit prendre en charge les frais engagés par un acte qui n’est plus (uniquement) une réponse à une infertilité pathologique… De même, les jeunes femmes qui souhaitent privilégier leur carrière professionnelle pourraient faire congeler leurs ovocytes. Quitte à devenir mères à 50 ans ? Ainsi, « la loi de bioéthique n’est pas seulement du ressort médical ou scientifique, mais touche aussi et surtout aux droits de l’Homme ». Alain Claeys a longuement travaillé sur ces sujets. Président de la commission spéciale de révision bioéthique en 2011, co-auteur de la loi « Claeys-Leonetti » sur la fin de vie, le maire de Poitiers s’interroge : « Les techniques acquises peuvent-elles et doivent-elles corriger les injustices de la vie ? ».

Pour l’élu, la loi doit avant tout concilier trois grands principes : le progrès scientifique, les droits des malades et le respect de la dignité humaine. Et c’est en vertu de ce dernier point que l’édile s’oppose publiquement à la Gestation pour autrui (GPA). « Il s’agit de la marchandisation du corps et du ventre de la femme », tranche-t-il. On en parle moins, et pourtant, « la modification du génome est un sujet majeur ! » « Je prends l’exemple des diagnostics préimplantatoires, qui consistent à vérifier la présence de maladies et malformations génétiques dans un embryon avant une Fécondation in vitro. Mais ensuite ? Pourra-t-on connaître et modifier la couleur des yeux de son enfant ? » Des questions auxquelles vous, citoyens, devrez apporter une réponse.

(*)Vous pouvez consulter le calendrier des événements ou répondre à un questionnaire sur www.espace-ethique-poitoucharentes. org. A noter notamment le débat autour de la fin de vie, le 21 mars, à 19h30, dans l’amphi du Pôle Biologie-santé, sur le campus de Poitiers.

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