L’économie circulaire tourne rond

« Rien ne se perd, tout se transforme. » Ce vieil adage résume parfaitement l’esprit de l’économie circulaire. A Poitiers, de nombreux acteurs tirent profit de ce concept qui allie business et écologie.

Florie Doublet

Le7.info

Quel est le point commun entre Emmaüs, La Regratterie et l’Atelier du Bocage ? Ces trois associations sont des modèles en matière d’économie circulaire. Plutôt que d’extraire des matières premières pour fabriquer un produit consommé puis jeté, ces structures offrent une seconde vie aux « déchets ». Et elles ne sont pas les seules. Rien que dans l’agglomération poitevine, on en dénombre pas moins de cent dix. Ce n’est d’ailleurs pas tout à fait un hasard si Brune Poirson, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, a choisi Poitiers pour réaffirmer, la semaine dernière, sa volonté de prolonger la durée de vie des produits.

Vertueuse, cette économie « parallèle » permet aussi de créer des emplois. D’après les derniers chiffres de l’Agence régionale d’évaluation environnement et climat en Nouvelle- Aquitaine, plus de 3 018 personnes travaillent pour les entreprises privées du recyclage (237 uniquement dans la Vienne). Mais ces chiffres masquent une réalité très contrastée.

A Poitiers, la Regratterie met tout en oeuvre pour sortir la tête de l’eau. L’association, qui récupère et valorise différents matériaux, avant de les transformer en objets de décoration ou en oeuvres artistiques, a traversé une année 2017 compliquée. « Nous avons épongé un déficit de 40 000€, détaillent Jonathan Gonsalves et Florent Guibert. Cette situation s’explique notamment par un loyer élevé, 1 700€ par mois. Par ailleurs, nous n’avons jamais touché de subvention de la part des collectivités locales. » L’association déménagera très prochainement, histoire de limiter les charges de fonctionnement, et se concentrera sur les commandes publiques et privées pour gonfler ses recettes.

212 000 tétéphones récupérés

A l’inverse, 2017 a été un excellent cru pour Les Ateliers du Bocage. Le chiffre d’affaires de l’entreprise d’insertion a dépassé les 9M€. Implantée dans les Deux-Sèvres, la structure emploie 160 personnes, dont deux -et une apprentie- au sein de la Bootique de Bellejouanne (lire n° 326). « L’année dernière, nous avons trié et valorisé 1,6 million de cartouches, 212 000 téléphones portables, 4 000 ordinateurs portables et 1 500 unités centrales », se félicite Bruno Vautherin, responsable du Pôle numérique solidaire des ADB. Quand on sait que la fabrication d’un smartphone de 300g requiert l’extraction de 70kg de ressources naturelles, cela donne forcément à réfléchir…

Emmaüs est également un « poids lourd » du réemploi. Cinquante adultes et dix enfants vivent au sein de la communauté de Poitiers, qui tire ses ressources de la vente de vêtements, livres, vaisselles, meubles et appareils électroniques. « Notre budget annuel est d’environ 1,2M€, précise Laurent Guinebretière, responsable de la communauté. Cela nous permet de couvrir les frais de santé, de nourriture et de logement de tout le monde. » La grande majorité du chiffre d’affaires est réalisée lors des braderies(*). En septembre dernier, Emmaüs a écoulé plus de douze tonnes d’articles.

(*) La prochaine braderie se déroulera les 16, 17 et 18 mars au parc des expositions.

La recylcerie monte en charge
Ouverte en septembre 2016, la Recyclerie de Grand Poitiers emploie aujourd’hui treize personnes en insertion. En 2017, 4 700 tonnes (t) de déchets ont évité l’incinération ou l’enfouissement. 1 500t ont été démantelées pour récupérer les matières premières, 3 000t sont parties vers l’unité de valorisation énergétique et 300t ont été réparées puis revendues à la boutique de la Croix Rouge.

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