Frédéric Bardeau, l’altruisme numérique

Co-fondateur de Simplon.co, en 2013, Frédéric Bardeau est ce qu’on appelle un entrepreneur social. Cette année, son école va former près de 1 000 précaires, décrocheurs ou réfugiés aux subtilités du code informatique. L’enfant de Montmorillon n’en oublie pas pour autant ses racines.

Arnault Varanne

Le7.info

Aussi loin qu’il se souvienne, il a toujours voulu « se mettre au service d’un truc qui le dépasse ». Son attention aux autres, Fred Bardeau la matérialise aujourd’hui dans Simplon.co (*), un réseau d’écoles de formation au numérique pour des publics très éloignés du marché de l’emploi. L’aventure a démarré en avril 2013, « la même semaine que l’Ecole 42 de Xavier Niel », glisse-t-il l’air de rien. En cinq ans, Simplon.co a formé gratuitement 2 500 personnes au développement web, à la programmation, au digital… Bref, à tous les métiers émergents « qui ne nécessitent pas un bagage mais une grosse dose de motivation ». « Avec un taux d’insertion de 80% derrière. »

L’ancien élève du lycée  Jean-Moulin de Montmorillon vit l’aventure altruiste « à cent à l’heure ». « Objectivement, l’ascenseur social marche mal… » A son niveau, il a choisi de le réparer. En janvier, le Boston Consulting Group l’a sacré « entrepreneur social de l’année ». Une « belle reconnaissance » qui ne le changera pas. « Ce qui est super, c’est qu’on va pouvoir être accompagné par des consultants pendant plusieurs semaines pour élaborer la stratégie à venir de Simplon ! » Porte-étendard de l’économie sociale et « suicidaire », l’ancien de Sciences-Po Toulouse se démène comme un beau diable dans une conjoncture difficile. Il l’admet sans fard, Simplon a failli mourir plusieurs fois à cause de problèmes de trésorerie récurrents.

« Pur produit de la méritocratie »

Mais aujourd’hui, le patron et ses 140 collaborateurs rêvent plus que jamais en grand. L’Ecole « inclusive et ouverte » veut ajouter de nouveaux points sur sa map monde. Dakar, Tunis, Casablanca et d’autres devraient bientôt accueillir des Fabriques. A l’autre bout du fil, le « pur produit de la méritocratie française » dégage une vraie… proximité. La tête dans les étoiles et les pieds sur terre. La terre ferme qu’il fréquentait gamin. « Le Roc d’enfer, Lathus… Ce sont mes coins. J’y reviens régulièrement pour voir mes parents et mes proches. » Ces expéditions groupées avec femme et enfants (cinq) le ramènent indéniablement à ses rêves de gosse.

Initialement, Fred se rêvait en journaliste de guerre. Il a bien fait Saint-Cyr et intégré un régime de parachutiste à Pau… Seulement, le cadre rigide de la Grande muette l’a convaincu d’explorer d’autres horizons. Direction la communication numérique pour celui qui, dès 1997, a été « attiré par la lumière d’Internet ». Toujours en quête de sens et d’utilité, le quadra a trouvé sa voie. Avec sa femme médecin gériatre, il donne aussi un peu de son temps à des ONG. Engagez-vous qu’ils disaient. Message reçu cinq sur cinq.

(*) Au côté d’Andrei Vladescu-Olt et d’Erwan Kezzar, deux de ses anciens élèves du Celsa. Les trois compères se sont inspirés des boot camps américains.

 

 

Simplon.co, des valeurs fortes
« Le numérique est partout, mais pourtant ce n’est pas toujours un langage naturel et inné. La fracture entre ceux qui le parlent et le manipulent avec aisance et les autres est toujours aussi vive. C’est pourquoi nous voulons mettre le code dans toutes les mains. » Voilà comment les fondateurs de Simplon.co justifient leur engagement depuis cinq ans.

Apprenants : des profils très divers
Dans sa volonté d’inclusion sociale, les dirigeants de Simplon.co ont développé plusieurs programmes pour des publics cibles : Hackeuses, Refugeeks, Kids. S’agissant des réfugiés, ils se voient proposer deux mois de cours de français intensifs et sept mois de formation au développement Web. Plus d’infos sur simplon.co 

Photo DR Copyright-Manon-Riff-Sbrugnera

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