Grève SNCF : des salariés à quai

La grève perlée des cheminots se poursuit en théorie jusqu’au 28 juin. Ce qui inquiète de nombreux salariés et chefs d’entreprise, pour qui c’est la galère.

Steve Henot

Le7.info

La crise de nerfs guette, parmi les usagers de la SNCF. Depuis deux semaines, les « navetteurs » font les frais du mouvement de grève mené par les personnels de la SNCF, à l'appel de l'intersyndicale (CGT, Unsa, CFDT, Sud). « Zéro en train en gare, l’autre jour… C’était assez hallucinant », raconte Nicolas Bolnois, cadre de production dans le XVIe arrondissement de Paris.

Comme lui, de nombreux salariés sont restés à quai, faute de pouvoir rallier leur lieu de travail dans la capitale. Tous ont été pris au dépourvu. « Pas de train le mardi ni le mercredi… J’ai été obligée de poser deux jours de congés, déplore Marlène Daigre-Caraso, business analyst dans une banque d’investissement parisienne, la voix lasse. Je devais prendre des vacances en mai, mais je ne vais sans doute pas pouvoir si ça continue. »

Pas facile de s’organiser quand les prévisions de trafic sont seulement communiquées la veille, à 17 h. « J’avais un abonnement annuel mais la SNCF a bloqué le service, explique Nicolas Bolnois, contraint de dormir deux jours à son bureau. S’il y a un train, il vaut mieux être à la gare et le prendre. » Certains s’en remettent au covoiturage ou au télétravail. Mais ces solutions -quand elles sont possibles- ont leurs limites. « C’est important pour moi de voir mes collaborateurs, témoigne Sébastien Gendreau, « product manager » d’une boîte parisienne. A terme, ça pose un d’organisation et de communication. »

La crainte d’effets sur l’activité

Lundi 9 avril, au quatrième jour de la grève, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a tiré « le signal d’alarme », indiquant que les conséquences économiques du mouvement social commençaient « à se faire sentir ». C’est notamment le cas chez les hôteliers de l’agglomération. « On le ressent très nettement, avec une baisse du chiffre d’affaires de près de 20 %, s’étonne Catherine de Cénival, gérante de l’hôtel de l’Europe, à Poitiers. Et nous n’avons quasiment aucune réservation pour les ponts du mois de mai ! »

La tendance serait encore plus forte, autour du Futuroscope. « La grève a eu un impact psychologique, relativement anxiogène, note Pierre Watrelot, chef des ventes France du parc. Beaucoup souhaitent réserver des séjours mais s’interrogent. Ce n’est pas un bon message adressé à nos visiteurs. » Des reports voire des annulations sont proposés, au cas par cas. Et quatre à cinq trains ont été spécialement affrétés, jusqu’à septembre, « avec l’assurance qu’ils circulent »

Le Futuroscope se dit avant tout confiant sur sa capacité à « répondre aux besoins des visiteurs » mais n’exclut pas, toutefois, « un préjudice » financier conséquent si le mouvement venait à durer. Pour Laurent Morillon, président de la fédération CPME de la Vienne, « il n’y a pas encore d’incidence sur le chiffre d’affaires de nos adhérents (environ 300, ndlr) mais la crainte est là, à moyen terme ».

À lire aussi ...