Libre comme l’air

Stéphane Clavurier, 40 ans. Pilote et moniteur de paramoteur. Champion de France 2017 de décollage à pied en biplace. Aime transmettre sa passion. Dans les airs, ce Vendéen d’origine savoure une certaine forme de liberté.

Steve Henot

Le7.info

La base ULM de Chenevelles s’anime au retour des beaux jours. Au loin, il n'est pas rare d'apercevoir des voiles colorées des paramoteurs flotter dans le ciel, au-dessus de l’école « Plaine envol ». Les formations au brevet de pilote s'y enchaînent depuis le mois d'avril. Certains stagiaires viennent de loin. « Il n’existe pas beaucoup de clubs où apprendre à voler », explique Eric, 54 ans, tout droit venu du Mans.

Voler, ce vieux rêve de l’homme… Pas en avion, non, mais sans habitacle ni hublot, directement au contact du vent. Un rêve que le paramoteur rend accessible au plus grand nombre. « C’est plus facile que de conduire une voiture, assure Stéphane Clavurier, l’instructeur du club de la Vienne. Il y a moins de commandes. Pour être autonome, une dizaine de jours suffit. »

Le Vendéen, originaire de Sainte-Hermine, en est à sa douzième saison à la tête de l’école de paramoteur qu’il a lui-même fondée, en 2006. Ce projet, il l’a mûri dès son retour de La Réunion, où il était parti « découvrir de nouveaux horizons » à l’âge de 20 ans. C’est au hasard d’un petit boulot de navetier pour un club de parapente d’Outre-mer qu’il s’est rapidement pris de passion pour la discipline. « J’ai tout de suite aimé cette liberté, les sensations de glisse que cela procure. »

En quête de sérénité

Surtout, cet ancien frigoriste venait là de trouver sa voie. C’est aujourd’hui son unique activité professionnelle, d’avril à octobre. Sept mois qui n’en demeurent pas moins intenses. « Chaque année, les créneaux sont vite réservés », témoigne-t-il. Outre les cours de pilotage, Stéphane Clavurier propose aussi ses services aux entreprises qui cherchent à réaliser des clichés aériens, selon leurs besoins : suivis de chantier, reportages photo et vidéo… Les drones n’y ont rien changé. « Ils ne peuvent pas voler au-dessus de 150m. En paramoteur, on peut aller plus haut. Je fais donc tout ce que les drones ne peuvent pas faire. »

Lunettes de soleil sur le nez, tenue décontractée, le pilote respire la sérénité. « C’est un job passion. Aujourd’hui, je me sens bien dans ce milieu de loisir. Les gens sont ravis de voler, c’est un esprit détendu. » Ce calme, le jeune quadra le puise également dans ces instants uniques, suspendu à plusieurs centaines de mètre du sol. « Là-haut, on se sent reposé, c’est relaxant. » Stéphane Clavurier n’a jamais perçu le vol comme un plaisir égoïste. Lui est plutôt dans le partage, la transmission. Sa passion, il se plaît à la répandre. Un véritable virus. « Mon frère s’y est mis et s’est récemment lancé dans un vol à étapes avec un ami, jusqu’à Bayonne. Chaque jour, ils posaient leur bivouac quelque part, sur le trajet. Cette liberté, c’est ce qu’il y a de magique avec le paramoteur.  »

Un mauvais sens de l’orientation

L'homme se laisse volontiers porter par les rencontres, comme il le fait avec les vents. Celle avec l’oiseleur Tristan Plot, un ancien élève, est assurément l’une des plus marquantes pour lui. « Il m’a offert l’opportunité de travailler avec un petit élevage de corneilles, avec lesquelles j’ai volé pendant trois-quatre ans. » Il ne les a relâchées en pleine nature que très récemment. Un moment un peu dur « parce qu’il y avait une vraie complicité ». Ce sont les oiseaux les plus intelligents après les perroquets. » Mais tout là-haut, Stéphane Clavurier est rarement seul. « Quand on coupe le moteur et qu’on exploite les courants ascendants, il arrive que des milans ou des buses nous accompagnent, nous montrent le chemin. Tous les gens qui volent sont fascinés pour les oiseaux. Voler avec eux, c’est au-delà du rêve. »

Depuis plusieurs années, il s’entraîne avec Bénédicte Letexier, « une navigatrice plutôt douée » avec laquelle il est devenu champion de France en catégorie Pied biplace (PF2), l'année dernière. Un binôme complémentaire. « J'ai un très mauvais sens de l'orientation. Seul, je n'y serais pas arrivé. » Ils seront de nouveau en compétition, en juillet prochain, à l’occasion des championnats de France de Blois.

À lire aussi ...